OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Superbes images d’une éruption solaire http://owni.fr/2011/06/11/images-eruption-solaire-energie-satellite/ http://owni.fr/2011/06/11/images-eruption-solaire-energie-satellite/#comments Sat, 11 Jun 2011 08:36:18 +0000 Xavier Demeersman http://owni.fr/?p=67364

La spectaculaire éruption solaire du 7 juin 2011 a été capturée par différents satellites et observatoires du Soleil, multipliant ainsi les points de vue et les informations chères aux physiciens.

Le célèbre satellite SoHO qui a déjà couvert un cycle solaire (le précédent, cycle 23) a lui aussi livré ses images et vidéos de l’énorme éruption solaire. Sur la vidéo ci-dessous, ont peut découvrir l’éjection de masse coronale propulsant des particules solaires à des vitesses supérieures à 1 200, voire 1 600 kilomètres par seconde ! L’image est brouillée par la « déflagration » électro-magnétique, les particules heurtant le capteur.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Eruption solaire classe M 2.5 photographiée par SDO

Le satellite Solar Dynamics Observatory (SDO) a sans doute capturé les plus belles images de la gigantesque éruption solaire, fort de caméras observant à très haute résolution. Les détails sont à couper le souffle ! Cette éruption extraordinaire n’est, cependant, pas l’une des plus puissantes. Elle est, toutefois, diablement spectaculaire ! Les scientifiques estiment qu’elle s’est déployée dans un volume équivalent à 75 fois la taille de la Terre !

En vidéo ci-dessous, l’énorme éruption solaire enregistrée par SDO.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La pair de satellites STEREO A (Ahead) et B (Behind) offrent aux chercheurs une vue stéréoscopique sans équivalent de la couronne solaire. Latempête classée M 2.5 ne leur a évidemment pas échappée. Ainsi peut-on découvrir (et re-découvrir) l’éjection de masse coronale ou CME (Coronal Mass Ejection) qui a suivie l’éruption. Notre étoile, de la taille du cercle blanc au milieu du disque noir, est cachée par un coronographe afin de mieux discerner son environnement appelé couronne solaire. D’énormes quantités de particules solaires sont éjectées dans l’espace. Les images sont brouillées par les salves de vent solaires provenant de la violente tempête électro-magnétique ! Un effet qui peut très bien perturber tout système électrique et électronique sur Terre, selon l’intensité de la tempête.

CME photographiée par les satellites Stereo A et B (cliquez pour voir les vidéos)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Suivez l’activité solaire sur le site Solarham.

En découvrir plus sur la page de la NASA consacrée à cette spectaculaire éruption solaire.


Article initialement publié sur le Cosmographe.

Crédit photo et vidéo : NASA/SDO/SoHO/STEREO.

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Éruption solaire en images http://owni.fr/2011/06/09/eruption-solaire-en-images/ http://owni.fr/2011/06/09/eruption-solaire-en-images/#comments Thu, 09 Jun 2011 09:31:07 +0000 Xavier Demeersman http://owni.fr/?p=35116

La spectaculaire éruption solaire du 7 juin 2011 a été capturée par différents satellites et observatoires du Soleil, multipliant ainsi les points de vue et les informations chères aux physiciens.

Le célèbre satellite SoHO qui a déjà couvert un cycle solaire (le précédent, cycle 23) a lui aussi livré ses images et vidéos de l’énorme éruption solaire. Sur la vidéo ci-dessous, ont peut découvrir l’éjection de masse coronale propulsant des particules solaires à des vitesses supérieures à 1 200, voire 1 600 kilomètres par seconde ! L’image est brouillée par la « déflagration » électro-magnétique, les particules heurtant le capteur.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Eruption solaire classe M 2.5 photographiée par SDO

Le satellite Solar Dynamics Observatory (SDO) a sans doute capturé les plus belles images de la gigantesque éruption solaire, fort de caméras observant à très haute résolution. Les détails sont à couper le souffle ! Cette éruption extraordinaire n’est, cependant, pas l’une des plus puissantes. Elle est, toutefois, diablement spectaculaire ! Les scientifiques estiment qu’elle s’est déployée dans un volume équivalent à 75 fois la taille de la Terre !

En vidéo ci-dessous, l’énorme éruption solaire enregistrée par SDO.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La pair de satellites STEREO A (Ahead) et B (Behind) offrent aux chercheurs une vue stéréoscopique sans équivalent de la couronne solaire. Latempête classée M 2.5 ne leur a évidemment pas échappée. Ainsi peut-on découvrir (et re-découvrir) l’éjection de masse coronale ou CME (Coronal Mass Ejection) qui a suivie l’éruption. Notre étoile, de la taille du cercle blanc au milieu du disque noir, est cachée par un coronographe afin de mieux discerner son environnement appelé couronne solaire. D’énormes quantités de particules solaires sont éjectées dans l’espace. Les images sont brouillées par les salves de vent solaires provenant de la violente tempête électro-magnétique ! Un effet qui peut très bien perturber tout système électriques et électroniques sur Terre, selon l’intensité de la tempête.

CME photographiée par les satellites Stereo A et B (cliquez pour voir les vidéos)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Suivez l’activité solaire sur le site Solarham.

En découvrir plus sur la page de la NASA consacrée à cette spectaculaire éruption solaire.


Article initialement publié sur le Cosmographe.

Crédit photo et vidéo : NASA/SDO/SoHO/STEREO.

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“Le ciel dans la tête”: petites histoires de l’astronomie http://owni.fr/2011/05/19/livre-astronomie-telescope/ http://owni.fr/2011/05/19/livre-astronomie-telescope/#comments Thu, 19 May 2011 09:26:39 +0000 Walter Appel http://owni.fr/?p=34838 L’ouvrage de M. Giraud-Ruby est difficile à classer. Dans son genre, c’est un monument. Ses 544 pages couvrent toute l’histoire de l’astronomie, depuis la préhistoire et l’Antiquité jusqu’à nos jours. Mais ce n’est pas une encyclopédie. On y cherchera en vain les grands chapitres classiques qui jalonnent les ouvrages historiques classiques, les événements importants et les “ères” consacrées : celles de Ptolémée, de Copernic, de Galilée, de Newton, d’Einstein ou de Hubble. Non que l’auteur les ignore, bien entendu, mais son exposition est toute autre : thématique et non historique dans sa structure générale, anecdotique et jamais hagiographique dans sa présentation des hommes et des événements qui ont fait la science.

Anecdotique, avons-nous dit, mais il ne faut surtout pas y voir là une nuance négative ! Car les anecdotes, souvent croustillantes, participent grandement au plaisir immense de la lecture. Jamais hagiographiques, avons-nous ajouté, car l’auteur se garde d’élever des statues aux grandes figures de l’histoire astronomique mondiale. Les acteurs de cette histoire sont replacés dans leur humaine condition, et éclairés de façon à faire sortir leur part d’ombre (l’intérêt de nombreux astronomes pour l’astrologie) ou de pénombre (les frasques sexuelles de Halley, les querelles d’intérêt, la vanité, les coups bas…). D’autres, habituellement ignorés, sont mis en lumière : comme Edgar Poe (les assidus ne feront pas une grande découverte en lisant qu’il fut cosmologiste amateur, et proposa le premier une interprétation hardie du paradoxe d’Olbers ).

Signe des temps, du désenchantement du monde, de la perte des modèles humains ? Peut-être, mais sans la moindre nuance de tristesse, d’amertume ou de rancœur. Les protagonistes nous apparaissent plus vivants, plus sympathiques, plus proches de nous enfin, que dans bien d’autres ouvrages.

Des livres dans le livre

L’ouvrage s’articule en quatre grands thèmes : définitions du temps et de l’espace ; l’inépuisable curiosité pour l’univers des étoiles ; les remous idéologiques autour des planètes ; la popularité des mythes cosmologiques. Chaque thème est l’occasion d’un « livre », largement indépendant des autres, qui retrace l’histoire de l’astronomie, plus ou moins chronologiquement. Les mêmes événements sont ainsi visités plusieurs fois, avec des points de vue différents.
La première partie met particulièrement bien en valeur la dette dont l’astronomie est redevable au commerce, à la guerre et à la politique, à travers la marine. Car, pour pouvoir naviguer efficacement, il faut pouvoir déterminer la longitude. Or il faut, pour cela, connaître l’heure exacte. Problème : les meilleures déterminations, à long terme, de l’heure sont basées sur les méthodes astronomiques, qui à leur tour nécessitent de connaître la longitude. On n’en sort pas, à tel point que “la détermination de la longitude” devient un temps synonyme de “la quadrature du cercle” : un problème insoluble auquel seuls les fous peuvent prétendre s’attaquer. Pourtant, le problème finit par devenir urgent : des navires sombrent après des erreurs d’estimation de longitude… et quand il s’agit de navires militaires, les politiques finissent par débloquer les crédits pour la recherche !

À côté des travaux de perfectionnement des chronomètres, des méthodes astronomiques se mettent en place, basées sur des tables précises des éclipses des satellites de Jupiter. Pour l’anecdote, lorsque Cassini présenta à Louis XIV le nouveau tracé de la carte de France, plus précise mais rétrécie, celui-ci fit remarquer à Colbert : “Vos astronomes ont fait perdre plus de territoire plus que nos généraux n’en ont conquis.” Ainsi, des considérations militaro-politiques débloquent souvent les crédits qui font avancer la connaissance “pure”. Faire le lien entre science et politique, société, religion, mysticisme, gloriole, guerre et espionnage, est un souci constant de l’auteur. L’une de ses thèses est d’ailleurs la suivante : la connaissance pure est une retombée indirecte des motivations “impures”, et non le contraire comme on se plaît parfois à le croire.

La deuxième partie est consacrée aux “mordus” de l’astronomie, ceux qui, poussés par leur passion, consacrent leur vie à la science, quand bien même ils devraient polir à la main des miroirs de 2,5 mètres, au millionième de millimètre près, et les faire monter à dos de mules par des sentiers montagneux d’une étroitesse effrayante.

Des modèles planétaires pour les horoscopes

Dans la troisième partie (les remous idéologiques autour des planètes), nous retrouvons les modèles planétaires, de l’antiquité à Copernic ; ils sont expliqués de manière bien plus précise que ce qu’il est possible de lire habituellement . On comprend notamment pourquoi les anciens modèles fonctionnaient si bien et, surtout, dans quel but : c’était notamment pour pouvoir établir des horoscopes précis ! Jusqu’à Kepler, c’est le but des tables de position des planètes. Et parfois, les découvertes tiennent à peu de choses : Tycho Brahe n’a pu accomplir son formidable travail que parce qu’il avait d’importants fonds, généreusement alloués par le roi Frédéric II de Danemark (le père de Tycho s’étant sacrifié pour sauver son roi de la noyade). Johannes Kepler, dont les motivations étaient profondément mystiques, n’a pu achever son œuvre que grâce à la mort prématurée de Tycho Brahe ; encore la chance était-elle de son côté : deux erreurs de calcul se sont miraculeusement compensées…

De la recherche rigoureuse des nouvelles planètes (Uranus, Neptune) aux phantasmes sur les canaux de Mars, des sondes planétaires aux astéroïdes tueurs (dont on a fini par comprendre l’importance dans l’histoire géologique de la Terre), l’auteur réexplique, à sa façon toujours originale, les grands débats qui ont échauffé les esprits. Il ne se prive pas d’ailleurs d’y ajouter, çà et là, ses propres thèses , fondées sur ses connaissances en physique, en astronomie, et en géophysique. Et, parfois, défonce gentiment le décor érigé par la tradition. Ainsi, les cosmologistes modernes, dont le goût pour les outils mathématiques agace l’auteur , sont comparés à des coqs de village pérorant en rêve de gloire… et sont renvoyés dos à dos au mysticisme de Kepler. La mythologie qui s’est construite autour du Big Bang, des équations d’Einstein, de la théorie des cordes, des Théories du Tout, en prend pour son grade. On se fera l’opinion que l’on voudra sur les idées personnelles de l’auteur ; mais on sortira convaincu que les coups de pieds (intellectuels) sont toujours bons à prendre.

Titre du livre : Le ciel dans la tête
Auteur : Alain Giraud-Ruby
Éditeur : Actes Sud
Date de publication : 02/05/10
N° ISBN : 2742791205


Article initialement publié sur NonFiction sous le titre “Une lecture nouvelle et décapante de l’histoire de l’astronomie”.

Photos Flickr CC PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par estherase, Paternité par perpetualplum et PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par Center for Image in Science and Art _ UL.

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La mort au trou http://owni.fr/2011/04/18/la-mort-au-trou-noir/ http://owni.fr/2011/04/18/la-mort-au-trou-noir/#comments Mon, 18 Apr 2011 14:55:55 +0000 Phil Plait http://owni.fr/?p=34590 J’ai récemment écrit sur un événement époustouflant : des astronomes capturant ce qui semble être les derniers moments de vie d’une étoile, alors qu’elle était littéralement déchiquetée par un trou noir.

La Nasa a récemment publié de nouvelles photos de l’événement, notamment capturées par le télescope Hubble.

Je sais, ça ne semble pas grand chose au premier coup d’œil. Mais rappelez-vous: vous êtes en train de regarder la mort violente d’une étoile, déchirée par la gravité d’un trou noir… et qui se déroule à 3,8 milliards d’années-lumières de là ! Soit à peu près 40,000,000,000,000,000,000,000 kilomètres; donc le fait de pouvoir le voir dans son intégralité est assez incroyable. Et terrifiant.

Sur l’image en fausse couleur d’Hubble, la galaxie et l’explosion sont signalées. A peu près tout ce que vous voyez sur la photo appartient à une galaxie lointaine, située à un milliard d’années-lumière de plus que le trou noir. Normalement, la galaxie active elle-même serait apparue comme un point, avec au mieux une espèce de nuée autour d’elle, la lueur de milliards d’étoiles étant réduite par l’incroyable distance. Mais la lumière mourante de l’astre a intensifié la lueur de la galaxie de beaucoup. De beaucoup plus.

L’image est une combinaison de lumière visible (blanche), d’ultraviolet (violet) et de rayons-X (jaune et rouge) de l’observatoire Swift de la Nasa, le satellite qui le premier a détecté l’explosion. Alors que les piques n’existent pas en vrai – ils sont juste la cause d’un effet d’optique créé par le télescope -, le cliché n’en évoque pas moins le drame que nous observons.

Et justement, que regardons-nous ?

La luminosité d’un milliard de milliards de Soleils !

Imaginez : ce qui aurait pu être une étoile normale, pas si différente du Soleil, était en orbite autour du centre de cette galaxie lointaine, très proche en réalité de son centre. Au cœur de chaque grosse galaxie repose un monstre: un trou noir supermassif qui pourrait avoir des millions voire des milliards de fois la masse du Soleil. Celui au cœur de cette galaxie sans nom pourrait avoir 500 000 fois la masse solaire.

La gravité d’un tel objet est féroce. Mais il y a pire : la force de la gravité s’affaiblit avec la distance. Cela peut ressembler au bon côté des choses – être plus loin du trou noir signifiant que sa gravité est réduite – mais en réalité, c’est ce qui a provoqué la destruction de cette étoile, car cette chute de puissance peut être très brutale pour un trou noir. Alors que l’étoile approchait de ce puits sans fond, le côté de l’étoile faisant face au tour noir était tiré loin du trou noir. Ce changement d’attraction a étiré l’étoile -cet étirement est appelé “marée” et c’est globalement la même chose qui provoque les marées sur la Terre sous l’effet de la gravité lunaire [ENG]… et quand l’étoile s’est baladée trop près du trou noir, la force de cette attraction est devenu irrésistible, dépassant sa propre gravité interne.

En un flash, l’étoile a été déchirée, et des octillions de tonnes de gaz ionisés ont été éjectés vers l’extérieur ! Cette matière dispersée tout autour du trou noir formant un disque de plasma appelée disque d’accrétion. Des champs magnétiques, frictions et turbulences ont surchauffé le plasma, et ont aussi généré des faisceaux de matière et d’énergie qui ont explosé les pôles du disque, les envoyant loin du trou noir lui-même. L’énergie stockée dans ces faisceaux est incroyable, bien au-delà de notre imagination: pendant un temps, ils auront brillé avec la luminosité d’un milliard de milliards de Soleils !

Au moment où cela s’est produit, le disque formé autour du trou noir nous faisait face, donc l’un de ces faisceaux était plus ou moins directement tourné vers nous. Si nous avions alors été dans cette galaxie, et dans le chemin de ce faisceau, et bien, la Terre aurait filé un mauvais coton. Mais avec une distance de près de quatre milliards d’années-lumière, la flash de lumière était à peine assez brillant pour être vu au travers de gros télescopes.

Et cet événement n’est pas fini. Alors que la matière tournoie autour du trou noir, les turbulences et d’autres forces à l’intérieur du disque forcent la luminosité à changer. Il y a eu plusieurs lueurs, et alors qu’elle s’estompait depuis quelques jours, soudainement le 3 avril dernier la luminosité globale a été multipliée par cinq. Les astronomes continueront donc à observer cet événement spectaculaire pendant quelques temps, certainement jusqu’à ce qu’il s’estompe complètement, hors de la portée de télescopes aussi puissants qu’Hubble.

Au fil des années j’ai étudié certains des événements les plus puissants de l’Univers: des étoiles qui explosent, des déchaînements de rayons gamma, des éruptions de magnétar. Ces souffles cosmiques sont tellement énormes qu’il est impossible de les saisir pleinement avec nos esprits malingres – les comprendre, d’accord, mais réellement les concevoir, non – et il me semble toujours incroyable que certaines choses, là-haut, puissent émettre des quantités d’énergie aussi dévastatrices.

Et je suis très content que cela se passe si loin !


Article initialement publié sur le blog de Discovery Magazine Bad Astronomy, sous le titre “Followup on the star torn apart by a black hole: Hubble picture” traduit par Andréa Fradin

Illustration FlickR CC: AttributionShare Alike thebadastronomer

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L’odyssée de l’espace http://owni.fr/2011/04/06/quinze-minutes-dans-l-univers/ http://owni.fr/2011/04/06/quinze-minutes-dans-l-univers/#comments Wed, 06 Apr 2011 17:14:39 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=34494 Comment se figurer l’univers ? Ce monstre qui nous englobe est scruté attentivement par l’œil des scientifiques et de leurs extensions mécaniques, satellites et autres sondes stellaires, mais bien souvent, les visualisations qui en ressortent sont parfois inintelligibles pour le profane, ou nécessitent un traitement particulier, ou bien encore sont le fruit d’une interprétation -parfois très large- d’artistes. Bref, la représentation de l’espace est une sacrée prise de tête. Particulièrement dans le cas de travaux de vulgarisation, comme le souligne Phil Plait, l’auteur de l’excellent blog Bad Astronomy de Discover Magazine, “où le graphisme est faux et prête à confusion en montrant de façon incorrecte certains événements astronomiques.”

Parfois néanmoins, une bonne surprise surgit, preuve en est cette incroyable vidéo, résultat d’une compilation du travail réalisé par l’agence de design anglaise Burrel Durrant Hifle pour l’émission Wonders of the Universe de la BBC. Près d’un quart d’heure de supernovas, d’étoiles à neutrons, d’éruptions solaires et de voie lactée. Une animation qui, en plus de sa qualité esthétique, est d’une justesse scientifique appréciable, comme le relève Phil Plait: “[c'est] beau, précis et incroyablement détaillé”.

Seul petit bémol: la vidéo manque de légendes. Seuls les plus calés en astronomie pourront identifier les multiples scènes mises bout à bout. Pour les autres, le seul spectacle devrait suffire à vous satisfaire.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Sous deux soleils exactement http://owni.fr/2011/03/26/sous-deux-soleils-exactement-astronomie/ http://owni.fr/2011/03/26/sous-deux-soleils-exactement-astronomie/#comments Sat, 26 Mar 2011 18:18:16 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=53583 Fin janvier dernier, un site australien promettait, à nous autres terriens, l’apparition d’un deuxième soleil.

La tristement célèbre super géante rouge de la nébuleuse d’Orion -Betelgeuse- est censée exploser et la supernova en résultant devrait être visible de la Terre avant 2012, et, quand elle le sera, tous nos rêves les plus fous hérités de Star Wars deviendront réalité

Pour les non initiés à la culture made in George Lucas, cela signifie en clair que nous pouvons nous attendre à un spectacle digne d’une scène fameuse d’un des épisodes de la trilogie, Star Wars, Episode IV: A New Hope: le lever non pas d’un, mais de deux soleils, sur la planète Tatooine. La promesse d’une matinée doublement enchantée.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour justifier son emphase -et sa geek attitude-, l’article s’appuie sur les analyse du Docteur Brad Carter, physicien à l’Université de Southern Queensland, qui avance que Betelgeuse est une “vieille étoile”, “à court de carburant en son centre”.

Située à près de 660 années-lumière de la Terre, elle est aussi massive que quinze Soleil: c’est l’une des plus grandes étoiles connues, mais aussi l’une des plus lumineuses -plus de 60 000 fois la lumière du soleil! C’est aussi une géante rouge, stade stellaire ultime avant explosion. Cette information, les astronomes la détiennent depuis longtemps. Rien de bien neuf sous le soleil, donc. Qu’en est-il alors de 2012 ?

En fait, pas grand chose. Le scientifique, figure d’autorité du papier, ne s’aventure pas un instant dans ces datations aux relents de fin du monde. Le journaliste lui-même précise que la prochaine apparition d’un deuxième astre terrestre comporte une “mauvaise nouvelle”:

Cela pourrait tout aussi bien se passer dans un million d’années.

Concession qui ne l’empêche pas de se raviser, en s’attardant sur l’invasion des “interwebs” par “des théories apocalyptiques qui expliquent que la supernova à venir est la confirmation des prédictions du calendrier Maya fixant l’Armageddon en 2012″. Rajoutant, en prime, une louchette étymologique du meilleur effet:

Le fait que le mot “Betelgeuse” soit associé au démon n’améliore en rien ces conspirations.

En effet, cela n’arrange rien. Si ce n’est le potentiel buzzistique du papier, repris aux quatre coins du monde. En France, on pouvait alors lire: “Deux soleils pour la Terre avant 2012?” , “Deux soleils, c’est pour ‘bientôt’”, et assimilés. La plupart rectifie d’ailleurs le tir, en expliquant qu’il est peu probable qu’on se dore la pilule sous deux soleils exactement en 2012.

Le papier initial en revanche, du fait de son approche ambiguë, ni vraiment pointue, ni vraiment LOL (et loin de nous l’idée de rejeter l’analyse des théories apocalyptiques), a fait l’objet d’un rectificatif trois jours après publication; le racoleur “Peut survenir en 2012″ du chapô faisant place à un timide “Cependant, personne ne peut le dire avec certitude.” S’appuyant sur les propos de Phil Plaint, auteur du blog américain Bad Astronomy, le site précise que rien ne permet d’affirmer que Betelgeuse explosera demain, en 2012, ou d’ici des milliers d’années, ajoutant également au passage qu’il était peu probable que celle-ci obtienne si facilement son statut de nouveau Phoebus:

Elle ressemblera davantage à une pleine lune qu’au second soleil de Tatooine.

Betelgeuse, un “grand-père de 75 ans”

Constat amer, que confirment la plupart des astronomes contactés par OWNI, certains allant jusqu’à refuser de commenter cet article “sans queue, ni tête, ni boussole”.

Non, Betelgeuse n’explosera pas le 24 décembre 2012 à 23h59, n’en déplaisent aux millénaristes cosmiques. Comme le précise Jean-Louis Monin, directeur de l’Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble, parler d’une étoile comme celle-ci revient à évoquer “un grand-père de 75 ans: il est plus proche de la fin de sa vie que du début.” Impossible néanmoins de déterminer avec exactitude, dans des temps étalonnés sur des millions d’années, le moment de son explosion. Et non, elle n’embrasera pas le ciel: nous devrons nous contenter d’un petit point lumineux, explique encore le chercheur:

Vu qu’elle est loin, même quand elle explosera, elle ne sera jamais aussi grande dans le ciel que le soleil. Elle restera un point lumineux, pas “résolu”, comme les soleils de Georges Lucas qui occupent une certaine surface. Car plus l’objet est éloigné, plus la surface angulaire diminue: à un moment l’œil ne fait plus la différence entre un objet et un point.

Si elle avait eu la bonne idée d’être plus proche de nous, Betelgeuse aurait pu briguer le statut de deuxième soleil, ajoute Nicolas Prantzos, de l’Institut d’Astrophysique de Paris: “il faudrait qu’elle soit a deux années-lumière et non pas à 660, qui est sa distance réelle.”

Lot de consolation, les scientifiques s’accordent sur sa luminosité, qui devrait, selon toute probabilité, être supérieure à celle de la Lune. Encore faut-il qu’elle explose. La frustration est grande:  faut-il vraiment renoncer à un deuxième soleil?

Jupiter, wannabe a star

“Au sens de deux étoiles autour desquelles la Terre tourne, détaille Jean-Louis Monin, il est trop tard.” Par contre, “il est possible d’avoir deux sources de lumière différentes”.

Pas sûr néanmoins que celle-ci provienne de notre galaxie. Ou en tout cas, pas de si tôt. La dernière explosion observée dans cet entourage “date de 1664″, précise Nicolas Biver, astrophysicien au Lesia. “On n’aura pas de deuxième soleil ‘très proche’, poursuit-il. Si ça doit se faire, ça ne se fera pas comme ça, il faudra peut-être des millions d’années.”

Ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour notre planète, car si une supernova peut présider à l’apparition d’une nouvelle source lumineuse dans le ciel terrien, elle peut aussi être désastreuse: l’explosion d’une étoile est l’un des événements les plus violents de l’univers. Pour que notre bonne vieille Terre se voit menacée, il faudrait que l’astre mourant “se situe à une centaine d’années-lumière”, précise Nicolas Biver. Or “celles qu’on observe sont situées à plusieurs milliers d’années-lumière”. Vous pouvez dormir tranquilles.

Si une nouvelle aube n’est pas pour demain, le système solaire nous réserve tout de même d’autres surprises; la première étant un soleil contrarié, en la figure de Jupiter. Si la géante avait été dix fois plus massive -une broutille en la matière-, elle aurait fait une jolie carrière d’étoile. A en croire Jean-Louis Monin:

Si Jupiter s’allumait aujourd’hui, il n’y aurait plus de nuit. Il brillerait certes moins que le soleil et ne serait pas aussi étendu.

Un auteur, et non des moindres, s’est d’ailleurs inspiré de l’état quasi-stellaire de Jupiter: Arthur C. Clarke, dans la suite de 2001, Odyssée de l’Espace, remarque encore le chercheur:

Dans 2010, Odyssée 2, les humains repartent vers Jupiter et les extraterrestres à l’origine des monolithes en placent plusieurs sur Jupiter, pour créer une étoile. La matière est alors suffisamment dense pour déclencher des réactions nucléaires.

Et comme les mystères de l’univers sont infinis, et notre cher astre taquin, il existerait une autre surprise, véritable easter egg stellaire: un soleil caché. “Nemesis”, du nom de la déesse de la vengeance. Selon certains astronomes, cet astre, probablement une naine brune, “compagnon” du soleil, serait en effet responsable de la chute d’astéroïdes toutes les 26 millions d’années, ce qui expliquerait notamment l’extinction des dinosaures, il y a 65 millions d’années, à la fin du Crétacé. Richard A. Muller, à qui l’on doit notamment la paternité de la théorie en 1984, explique [ENG]:

Avec une excentricité orbitale de 0,5, elle passerait suffisamment près du nuage de comètes d’Oort pour provoquer une chute cométaire une fois par orbite. De telles averses périodiques pourraient entraîner des extinctions périodiques de la vie sur Terre, ainsi qu’augmenter périodiquement le taux de cratères sur la Lune.

Le chercheur américain estime que la découverte de Nemesis, entravée par “quelques problèmes de téléscope” devrait être imminente, notamment grâce aux travaux du LSST (Large Synoptic Survey Telescope).

La quête de Nemesis remporte une adhésion mitigée au sein de la communauté scientifique. Du côté des astrophysiciens interrogés, si l’on concède que de nombreux corps stellaires marchent en couple, on constate que le compagnon du soleil n’a, lui, toujours pas été observé. Difficile de croire, dans ces conditions, en son existence. “Il y a 65 millions d’années, pourquoi pas, mais aujourd’hui, cela paraît difficile à concevoir”, commente Nicolas Prantzos. “C’est un peu une légende, ajoute Jean-Louis Monin. Un peu comme les dragons sur Terre.”


Illustrations: Pranav, Nasa, Wikimedia Commons (ESO) Nasa

Retrouvez tous nos articles de la Une astronomie sur OWNI (image de Une CC Elsa Secco):

- “L’astronomie amateur, la science populaire n’est pas qu’un loisir!

- “Bulles et couleurs de l’espace

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http://owni.fr/2011/03/26/sous-deux-soleils-exactement-astronomie/feed/ 4
L’astronomie amateur, la science populaire n’est pas qu’un loisir! http://owni.fr/2011/03/26/astronomie-amateur-science-populaire-loisir/ http://owni.fr/2011/03/26/astronomie-amateur-science-populaire-loisir/#comments Sat, 26 Mar 2011 11:30:18 +0000 Patrick Peccatte http://owni.fr/?p=53137 Article initialement publié sur Culture Visuelle et sélectionné par OWNIsciences

Lors d’une session récente de son séminaire Esthétique de l’image numérique, André Gunthert est revenu sur la question des pratiques amateurs à propos de la parution du livre de Patrice Flichy Le sacre de l’amateur: sociologie des passions ordinaires à l’ère numérique.

Les lecteurs de Culture Visuelle connaissent bien le terme amateurs. Sur cette plate-forme de blogs, il signifie pratiquement toujours photographes amateurs et se comprend de fait en rapport (et parfois en rivalité) à la photographie professionnelle. Mais le champ couvert par les pratiques amateurs est évidemment bien plus vaste, même si l’on se limite aux activités dites « de loisir » impactées par les technologies numériques .

En examinant cette question d’un point de vue historique, André Gunthert identifie plusieurs domaines où l’amateurisme s’est développé bien avant de se transformer en un système alliant reconnaissance académique et professionnalisation. Il s’agit en particulier de l’amateur d’art et du rôle de l’accumulation ostentatoire des œuvres pratiquée par les rois et princes. De la même manière, l’activité des savants n’a pu se développer que parce que ceux-ci étaient alors protégés et financés par ces mêmes puissants personnages, qui étaient également amateurs de science. Mais à côté de ce mécénat artistique et scientifique, certains savants de premier plan furent engagés par ailleurs dans une activité lucrative quelconque et pratiquaient les sciences presque « comme un loisir ». Au XVIIeme siècle, la vie et l’œuvre de Pierre de Fermat, « prince des amateurs » , sont à cet égard emblématiques.

Avec la professionnalisation et l’institutionnalisation des sciences, il semble qu’il n’y ait plus guère de place pour ces amateurs de science éclairés et inventifs. Les sciences sont devenus bien trop complexes et spécialisées pour qu’il soit possible pour un amateur de s’y intéresser autrement qu’en spectateur. La figure de l’amateur de sciences dans le meilleur des cas serait alors celle d’un érudit ou d’un praticien approximatif de telle ou telle discipline pour laquelle il se passionne. Mais le chercheur professionnel moderne ne peut pas lui reconnaître le niveau requis pour « faire de la vraie science ». Il existerait ainsi deux continents : les véritables scientifiques qui participent de manière active à l’avancement d’un savoir et les amateurs qui ne peuvent prétendre qu’à une compréhension vulgarisée, ludique et simplifiée de ce savoir et sont alors rangés dans le rayon des « loisirs créatifs » au côté des férus du point de croix. Au mieux, on reconnaîtra dans certaines disciplines où des moyens techniques considérables ne sont pas toujours indispensables, que des autodidactes de génie puissent rivaliser ou même dépasser les professionnels. Ils sont alors, en règle générale, rapidement intégrés au système académique classique; le cas du mathématicien Ramanujan vient ici immédiatement à l’esprit.

Les pratiques amateurs dans les sciences seraient donc de facto incommensurables avec celles que l’on connait en photographie où l’on sait qu’elles sont parfois comparables sur le plan des techniques et des résultats aux pratiques professionnelles. Examinons de plus près cette idée à propos d’une discipline, l’astronomie, où d’ailleurs nous rencontrerons à nouveau la photographie.

La grande nébuleuse d’Orion (M42), par Thomas Shahan. Flickr, licence CC.

L’astronomie amateur

Plus encore peut-être que l’expression photographie amateur, la locution astronomie amateur est devenue consacrée. Elle forme un tout indissociable pour les protagonistes de l’activité. Le terme amateur n’est jamais considéré comme péjoratif, ce n’est pas le signe d’un manque par rapport à l’astronomie professionnelle. Les praticiens de la discipline se désignent d’ailleurs de plus en plus souvent par l’abréviation astram.

C’est un vocable similaire comportant le mot amateur qui est utilisé dans la plupart des langues européennes. Au États-Unis, on emploie aussi les expressions backyard astronomy (l’astronomie chez soi) et stargazing lorsque l’on ne s’intéresse pas à l’activité de construction des instruments qui fait partie intégrante de l’amateur astronomy.

Une brève histoire de l’astronomie amateur en France

Il existe en France une longue tradition de l’astronomie populaire. Elle remonte à trois ouvrages majeurs : le Traité philosophique d’astronomie populaire d’Auguste Comte (1844), l’Astronomie Populaire de François Arago – édition posthume (1854) par Jean-Augustin Barral, et enfin l’Astronomie Populaire de Camille Flammarion (1880) . Ces livres s’inscrivent certes dans le remarquable développement de la vulgarisation scientifique au cours du XIXème siècle , mais dans le cas de l’astronomie, ils ont aussi leur origine dans une véritable politique scientifique.

Le rapport du 7 messidor an III (25 juin 1795) rédigé par l’abbé Grégoire crée le Bureau des Longitudes. Le texte précise: « Ce Bureau fera, chaque année, un cours public d’Astronomie ». Il s’agissait grâce à ce cours de commencer à former de futurs observateurs et calculateurs pour remplir les missions dévolues au Bureau, en premier lieu améliorer la détermination des longitudes en mer – tâche évidemment très importante à l’époque tant du point de vue militaire que civil.

L’ouvrage d’Arago, en quatre volumes, est la transcription de ce cours oral public donné à l’Observatoire de Paris de 1812 à 1840 et qui rencontre un très grand succès au long de ces années. Arago veut être élémentaire et clair, il utilise dans son texte très peu de mathématiques. Mais son cours demeure un ouvrage de savant, didactique, précis et sans fioritures.

La version que donne Flammarion de l’astronomie populaire est bien différente. Son ouvrage est certes dédié à Arago, « fondateur de l’Astronomie populaire », mais son style tout en digressions romantiques n’a rien à voir avec celui du célèbre astronome.

À cette époque, un rapport précise que les observatoires d’État sont minoritaires dans les pays anglo-saxons du fait de l’importance des observatoires privés et universitaires . En France également, des observatoires privés font leur apparition. Ainsi, Flammarion n’est pas un astronome institutionnel. C’est un savant « indépendant ». Chassé de l’Observatoire de Paris par Le Verrier alors qu’il était apprenti, il a manifesté toute sa vie une certaine défiance envers la science académique tout en conservant de bons rapports avec de nombreux astronomes institutionnels. Il était en fait très soucieux de la légitimité scientifique de ses différentes activités, en astronomie comme dans les autres disciplines qu’il a abordé (dont le spiritisme). Le succès de son ouvrage majeur lui permettra de développer son observatoire privé à Juvisy-sur-Orge où il entreprendra entre autres travaux de nombreuses expériences de photographie astronomique.

Dès l’édition de 1880, l’Astronomie Populaire mentionne l’astronome amateur ou l’amateur d’astronomie. La figure de l’astronome amateur apparaît bien à cette époque et très probablement chez Flammarion. Elle s’est ensuite diffusée dans la culture populaire à travers différents canaux dont la littérature. En 1877 par exemple, le professeur Palmyrin Rosette du roman Hector Servadac de Jules Verne est encore un astronome autodidacte, probablement inspiré d’ailleurs par Flammarion lui-même. Plus tard, en 1901, ce sont explicitement des astronomes amateurs que le même auteur met en scène dans La chasse au météore.

Car « pratiquer et faire pratiquer l’astronomie est l’objectif, l’obsession de Flammarion » .  Il fonde en 1887 la Société Astronomique de France (SAF), diffuse la revue associée L’Astronomie, et crée ensuite un véritable réseau international d’astronomes amateurs, parallèle à celui de l’astronomie académique.

La SAF est ouverte à tous, professionnels comme amateurs, et cela mérite d’être souligné à propos d’une « société savante ». Tous les présidents de la SAF qui se sont succédés sont néanmoins des astronomes professionnels, membres de l’Institut, et la grande majorité des articles de la revue sont écrits par des professionnels. D’une certaine manière, cela légitime la place des amateurs tout en les infériorisant.

Le « creuset unique » rassemblant amateurs et professionnels est demeuré longtemps l’une des caractéristiques les plus originales de ce milieu, et de nombreux astronomes professionnels ont commencé par être amateurs et membres actifs de la SAF .

Sur le plan institutionnel également et jusqu’aux années cinquante environ, les amateurs sont parfois sollicités dans certains observatoires de façon à assurer au moindre coût un certain nombre de tâches routinières .

L’Astronomie populaire de Flammarion a été entièrement réécrite en 1955 sous la direction d’André Danjon et d’un comité de professionnels. À cette occasion, l’ouvrage a totalement perdu son esprit romantique teinté d’un positivisme suranné. Il est cependant demeuré l’un des meilleurs ouvrages d’initiation à cette science. Ce livre a incontestablement formé sous ses différentes éditions de nombreux astronomes amateurs et suscité la vocation de plusieurs professionnels.

Mais avant cette refonte du livre phare de Flammarion, d’autres auteurs ont publié des ouvrages de vulgarisation. Les plus importants furent sans doute Lucien Rudaux, qui fut aussi un artiste dont le travail préfigure celui de Chesley Bonestell, et l’abbé Moreux.

En décembre 1945, Pierre Bourge, un jeune astronome amateur, crée la Société Astronomique de Normandie et la revue Le Ciel Normand. L’année suivante, il fonde avec Jean Chauvet l’Association Française d’Astronomie Éducative, cette fois à vocation nationale, qui deviendra un peu plus tard l’Association Française d’Astronomie (AFA). L’association publie une revue qui changera plusieurs fois de nom et s’appelle maintenant Ciel et Espace.

En 1969, Pierre Bourge publie avec Jean Lacroux un guide intitulé A l’affût des étoiles – Guide pratique de l’astronome amateur. Ce livre qui en est actuellement à sa seizième édition a contribué à la formation de nombreux amateurs.

L’objectif de l’AFA est de regrouper les amateurs et de les aider directement et concrètement dans la pratique de leur passion. À travers les stages qu’elle propose et dans son magazine, l’AFA se veut beaucoup plus pragmatique que la SAF et ne propose pas de contenus théoriques ardus ou sous forme mathématique. De nombreux articles sont ainsi consacrés à la construction artisanale d’un télescope, activité « de bricolage » indispensable à une époque où les optiques professionnelles et les montures industrielles étaient hors de portée des amateurs. Des techniques d’observation et d’astrophotographie relativement faciles à mettre en œuvre sont aussi largement décrites.

Jusqu’à la fin des années soixante-dix, la SAF est ainsi perçue comme une société un peu élitiste, dispensant une vulgarisation de haut niveau en astronomie et astrophysique, tandis que l’AFA regroupe les amateurs préoccupés par la fabrication de leurs instruments et leur optimisation à des fins d’observation directe ou photographique. De nombreux amateurs sont toutefois membres des deux sociétés, et la SAF ne se coupera jamais de sa « base amateur », demeurant ainsi fidèle à l’esprit de Flammarion. Elle répondra aussi de façon exemplaire aux amateurs engagés dans la fabrication de leur instrument en publiant en 1961 le livre La construction du télescope amateur par Jean Texereau , ouvrage devenu un classique dans ce milieu.

Du côté des professionnels, la Société française d’astronomie et d’astrophysique (anciennement appelée Société Française des Spécialistes d’Astronomie) est fondée en 1978 par Évry Schatzman. Comme son nom initial l’indique, elle n’est pas ouverte statutairement au monde de l’astronomie amateur.

Le développement de l’astronomie amateur au niveau mondial durant les années soixante-dix, stimulé par la médiatisation de la conquête spatiale, a incité l’édition à publier plusieurs livres de vulgarisation. Ces ouvrages étaient souvent écrits par des astronomes professionnels dans un esprit pédagogique mais ils étaient la plupart du temps très succincts et parfois même condescendants envers les pratiques amateurs. C’est à cette époque également que plusieurs entreprises japonaises et américaines s’intéressent réellement à ce marché et proposent des lunettes et télescopes enfin accessibles aux non professionnels. Deux tendances se manifestent alors parmi les astronomes amateurs. Certains estiment que la construction d’un instrument n’est désormais plus du ressort de l’amateur. Celui-ci d’après eux ne construit pas plus son télescope que l’automobiliste ne fabrique sa voiture. D’autres au contraire défendent un point de vue bien différent – que l’on qualifierait maintenant de hacker – selon lequel la maîtrise de la construction fait partie intégrante de l’amateurisme et constitue une formation très importante aux techniques d’observation, en particulier pour la photographie astronomique qui nécessite une bonne connaissance des caractéristiques optiques de son instrument.

Ce clivage est l’une des causes d’un changement d’orientation important de l’AFA. Les anciens dirigeants de l’association sont remplacés en 1981 par une nouvelle génération issue du monde de la communication. Le fondateur « historique », Pierre Bourge, est évincé. La revue Ciel et Espace devient un magazine scientifique grand public et s’ouvre largement aux sujets astronautiques. Elle parle de moins en moins d’astronomes amateurs, locution souvent remplacée par passionnés d’astronomie et d’espace. La ligne éditoriale est celle d’un magazine éducatif, axé sur la dimension culturelle de la discipline. Les aspects pratiques et actifs de l’astronomie, les techniques photographiques des amateurs, leur implication dans certains programmes de recherche accessibles, sont moins présents qu’auparavant. Une agence de photos astronomiques est créée , l’association participe à des initiatives en direction de l’éducation, l’un de ses dirigeants, Alain Cirou, devient consultant auprès de la télévision pour les questions spatiales ou astronomiques. Au final, les astronomes amateurs les plus avancés ne se sont guère retrouvés dans cette nouvelle orientation.

Quelques associations plus spécialisées comme l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes ont aussi vu le jour. Mais surtout, les clubs d’astronomie locaux et régionaux qui existaient déjà au temps de Flammarion se sont beaucoup développés. Une grande part de la formation théorique et pratique des amateurs s’effectue actuellement dans ces groupements plutôt qu’à travers les deux grandes associations nationales que sont la SAF et l’AFA et leurs magazines respectifs. En parallèle, une presse autonome, dirigée vers les amateurs et non liée à des associations, a fait son apparition. Les titres les plus connus sont Astronomie Magazine, créé en 1999, qui s’annonce comme « la revue des astronomes amateurs » et AstroSurf Magazine créé en 2003. Ces revues reprennent assez nettement une orientation hacking, bricolage, techniques d’observation et de photographie, recherche amateur, etc. un peu délaissée par les magazines « historiques » liés aux associations.

Pour terminer ce rapide panorama, on doit relever enfin que de très nombreux sites, forums et blogs d’astronomie amateur se sont créés sur le Web . Les astronomes amateurs qui sont bien souvent également compétents en informatique sont à l’aise avec Internet qui est devenu leur média favori. Le développement d’Internet et des technologies numériques dans la photographie astronomique mais aussi pour le guidage des instruments et le repérage des objets observés constituent sans nul doute de nouveaux champs d’application de cet esprit inventif qui caractérise l’astronomie amateur.

La nébuleuse du Lagon (M8), par Fred Locklear. Flickr, licence CC.

Quelques pratiques de l’astronomie amateur

L’astronomie amateur peut constituer un loisir passif, contemplatif. Mais elle est aussi souvent créative, et pas seulement au sens limité et un peu désuet que l’on donne habituellement à cet adjectif lorsque l’on évoque les loisirs. Avec des moyens qui lui sont propres et même si ses résultats demeurent modestes, elle s’inscrit dans le même mouvement de curiosité et de recherche que l’astronomie institutionnelle. Quelques exemples nous aideront à comprendre cette caractéristique.

Construction, bricolage, hacking

L’apparition d’instruments d’observation à prix abordables a réduit considérablement le nombre d’amateurs qui taillent leurs miroirs et construisent leurs télescopes. Désormais, la plupart des astronomes amateurs utilise des lunettes et télescopes fabriqués par des entreprises spécialisées. Mais de nombreuses personnalisations des outils d’observation nécessitent bien souvent des talents de bricolage en optique, mécanique, électronique et informatique. L’adaptation de dispositifs parfois complexes, le souci de tirer parti au mieux des équipements, le souhait de mener à bien telle observation difficile ou de réaliser telle photographie délicate conduisent souvent les amateurs avancés à mettre en œuvre des solutions ingénieuses. Ainsi, c’est un amateur, John Dobson, qui a mis au point la monture actuellement utilisée sur de nombreux télescopes et qui permet d’accéder à des tailles d’instruments auparavant réservées aux professionnels.

Beaucoup d’amateurs utilisent aussi des techniques qui ne leur étaient pas accessibles jadis comme la spectroscopie. Certains se sont même lancés dans la radioastronomie et il existe des associations regroupant ces observateurs de l’invisible (ici et ). De même, plusieurs amateurs ont développé l’informatisation de leurs installations jusqu’à réaliser de véritables observatoires entièrement robotisés.

Astrophotographie

L’astrophotographie est pratiquée depuis longtemps par les amateurs et les images produites sont partagées et discutées par les passionnés. Flickr compte ainsi plus de 1000 groupes sur l’astronomie et près de 500 sur l’astrophotographie. Mais les techniques utilisées, argentiques d’abord et maintenant numériques, ne servent pas seulement à réaliser de belles photos. La photographie astronomique permet aussi grâce à de longs temps de pose d’enregistrer la présence d’objets inaccessibles à l’observation visuelle. À l’instar de son utilisation par les professionnels, c’est aussi avec cet objectif de découverte que l’astrophotographie est extrêmement populaire chez les amateurs.

De nombreux articles publiés dans les revues mentionnées précédemment, des livres, des stages, et surtout des études et informations disponibles sur le web – comme celles proposées par l’association Astro Images Processing créée en 2009 – permettent à l’amateur de se former aux techniques en question.

Surveillance et recherche d’objets

La surveillance d’objets instables et la recherche d’objets inconnus sont les deux domaines de prédilection où l’astronomie amateur aide l’astronomie institutionnelle.

Ainsi, les amateurs sont engagés depuis fort longtemps dans la surveillance et la mesure de la luminosité des étoiles variables. L’Association Française des Observateurs d’Étoiles Variables (AFOEV) a été fondée en 1921 et rassemble des observateurs professionnels et amateurs. La coopération entre les deux communautés est d’ailleurs inscrite dans les statuts de l’association.

La recherche d’objets nouveaux est aussi l’un des terrains où les amateurs peuvent exercer leurs talents. L’une des activités de ce type parmi les plus connue est la recherche de comètes. Chaque année en effet quelques-unes sont découvertes par des amateurs comme on peut s’en rendre compte sur ces statistiques . Le prix Edgar Wilson a d’ailleurs été institué en 1998 par l’Union Astronomique Internationale, l’organisation qui coordonne les travaux des astronomes au niveau mondial, afin de stimuler ces recherches effectuées par des amateurs.

Il existe d’autres niches de l’observation de recherche occupées par les amateurs : détection de novae et de supernovae (exemples ici ou ), chasse aux amas stellaires inconnus, aux nébuleuses planétaires (exemple ici), aux exoplanètes (exemple ici), etc.

On pourrait croire que les amateurs mis à contribution dans ces travaux de surveillance et recherche sont considérés par les professionnels comme des soutiers de l’astronomie, une sorte de main d’œuvre gratuite, tolérée seulement parce que la tâche est immense et ingrate. Les quelques témoignages que nous avons pu lire et l’existence d’associations comme l’AFOEV où la « mixité » entre les deux populations d’astronomes est de règle ne montrent pas cet état d’esprit.

Calcul distribué et crowdsourcing

L’astronomie demeure donc l’une des rares sciences où les amateurs peuvent encore produire des données d’observation utiles aux professionnels. Avec le développement d’Internet, d’autres projets qui font appel aux amateurs sont apparus. La plupart de ceux-ci reposent sur le calcul distribué. Le plus connu est SETI@home, développement du projet SETI de recherche d’une intelligence extraterrestre. On trouvera des listes d’autres initiatives basées sur le calcul distribué sur BOINC et Zooniverse.

Ces projets de volunteer computing ne nécessitent en réalité aucune connaissance en astronomie (ou dans toute autre science comme les mathématiques où de telles initiatives sont assez nombreuses). Il suffit pour le participant de s’intéresser à un sujet proposé et d’installer un logiciel qui effectue tout le travail. Nombre de tels projets s’inscrivent dans un mouvement plus large de « science citoyenne » dont l’ambition est d’impliquer le grand public dans la recherche scientifique.

De véritables projets collaboratifs qui nécessitent une [toute petite] expertise de la part du participant sont également apparus plus récemment. On peut citer parmi ces travaux de crowdsourcing scientifique, la classification de plus d’un million de galaxies avec Galaxy Zoo et la recherche d’exoplanètes avec Planet Hunters.

Nébuleuse planétaire OU1 découverte par l’astronome amateur Nicolas Outters.

Pour une socio-épistémologie des pratiques amateurs

Les amateurs ne sont pas en concurrence avec les astronomes professionnels. Ils ne sont pas organisés à cette fin et savent pertinemment qu’ils ne possèdent pas les compétences et les moyens nécessaires pour mener de véritables travaux de haut niveau. Ils ne développent pas non plus une manière alternative d’effectuer des recherches dans cette science.

Bien que de nombreuses activités en direction du grand public et certains articles de revues puissent le laisser penser, l’astronomie amateur n’est pas non plus assimilable à la vulgarisation scientifique. Les amateurs savent qu’ils pratiquent un loisir culturel, mais pour la plupart d’entre eux, il s’agit plus que de « comprendre » le ciel, les astres, l’univers; c’est pour eux un ensemble de pratiques actives stimulées par le goût de la découverte et dont nous avons donné ci-dessus quelques exemples.

Coincée entre l’astronomie institutionnelle, la vulgarisation scientifique, les loisirs culturels, l’astronomie amateur n’est cependant pas réductible aux seules caractéristiques sociologiques que l’on peut tirer de sa pratique, de ses modes de fonctionnement, de ses instances (associations, clubs), de ses productions (photos, livres, magazines, webs, blogs, crowdsourcing, etc.).

L’astronomie amateur est-elle une astronomie « en miniature » ? La construction ou la mise en œuvre d’un dispositif d’observation de taille modeste à l’échelle professionnelle ainsi que l’utilisation de méthodes qui demeurent relativement simples au regard de ce qui est pratiqué dans la discipline institutionnelle pourraient autoriser la comparaison avec le modélisme. Cette assimilation déplait en général fortement aux amateurs. Ils défendent plutôt l’idée que les amateurs et les professionnels poursuivent grosso modo les mêmes objectifs mais à l’aide de moyens différents.

Il existe de véritables enquêtes sociologiques concernant les photographes amateurs ; il ne semble pas par contre que de tels travaux concernant les astronomes amateurs aient été réalisés. Une telle enquête en tout cas devrait s’adresser à la fois aux astronomes amateurs et aux professionnels et s’intéresser à la perception des pratiques amateurs par chacune des communautés. Elle devrait chercher à comprendre la conception que les deux populations se font de leurs savoirs respectifs. Autrement dit, une véritable étude concernant le statut socio-épistémologique des pratiques amateurs mériterait d’être conduite auprès des astronomes amateurs et professionnels.

Illustration FlickR CC : write_adam

Retrouvez tous nos articles de la Une astronomie sur OWNI (Image de Une CC Elsa Secco)

- “Bulles et couleurs de l’espace

- “Sous deux soleils exactement

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Bulles et couleurs de l’espace http://owni.fr/2011/03/26/bulles-et-couleurs-de-l-espace/ http://owni.fr/2011/03/26/bulles-et-couleurs-de-l-espace/#comments Sat, 26 Mar 2011 09:00:12 +0000 Dr Goulu http://owni.fr/?p=53228

Il y a plus de choses dans le ciel et la terre, Horatio, qu’il est rêvé dans votre philosophie.

Je n’avais jamais commencé d’article par une citation de Shakespeare (Hamlet, Acte I, Scene V). Voilà qui est fait. La raison, la voici :

Photo : T. A. Rector/University of Alaska Anchorage, H. Schweiker/WIYN and NOAO/AURA/NSF

Vous admirez la “Nébuleuse Bulle de Savon” (PN G75.5+1.7 pour les intimes) découverte il y a trois ans par Dave Jurasevich à l’observatoire du Mont Wilson et indépendamment par Keith B Quattrocchi et Mel Helm, des astronomes amateurs bien équipés.

Cette bulle parfaitement sphérique de 5 années lumières de diamètre a été expulsée il y a 22 000 ans d’une étoile de la constellation du Cygne qui a eu un hoquet nucléaire. Lorsqu’une étoile épuise son hydrogène et s’étouffe dans l’hélium qu’elle a produit, elle s’éteint brièvement, s’effondre en se comprimant et se réchauffant. Si elle est assez lourde pour que la fusion de l’hélium s’amorce, elle se rallume. Une fois l’hélium fusionné en carbone et oxygène, elle s’éteint à nouveau. Si l’étoile est très massive, elle peut encore enchainer plusieurs cycles de plus en plus rapides et terminer son existence dans une spectaculaire supernova, mais beaucoup d’étoiles deviennent des naines blanches après la fusion de l’hélium, éjectant leurs couches externes dans l’espace, formant des nébuleuses (dite “planétaires” pour des raisons historiques). Mais il est très rare qu’elles aient une forme aussi parfaitement sphérique (sur 1500, je crois qu’il n’y en a qu’une seule autre : Abell 39)

Comment colore-t-on les photo d’astronomie?

Parlons maintenant des jolies couleurs bleu-orange de la photo. En fait elles n’existent pas. La photo originale de Dave Jurasevich est celle-ci:

Elle a été obtenue avec un temps de pose d’une demi-heure. On comprend pourquoi cette nébuleuse n’a pas été détectée plus tôt : elle est extrêmement peu lumineuse. Et on n’y distingue pas la moindre couleur pour la simple raison que les capteurs CCD sont par nature “noir et blanc”, ou plutôt détectent la lumière de toutes les couleurs . Nos appareils photo utilisent des “filtres de Bayer” qui colorient un pixel sur 4 en rouge, un autre en bleu, et les deux restants en vert parce que notre œil est plus sensible dans le vert, mais les couleurs du ciel nocturne sont bien différentes de celles de nos photos de vacances, donc il serait dommage d’atténuer la faible lumière céleste en la filtrant par des couleurs terrestres.

Les “couleurs” des astres chauds sont formées de raies spectrales typiques des éléments qui les composent, ce qui permet d’ailleurs de déterminer leur composition par spectroscopie. Par conséquent, les “bonnes” couleurs à filtrer en photographie astronomique sont celles des raies d’émission des atomes que l’on suppose être présents dans l’objet observé. L’hydrogène, élément de très loin le plus abondant dans les étoiles est un bon candidat, et en particulier sa raie H-α, qui correspond à un rouge vif. Pour notre nébuleuse, la raie de l’Oxygène III, dans le vert, s’est révélée un bon choix pour mettre en évidence la “bulle de savon”.

Les clichés pris successivement avec un filtre pour H-α et un filtre O-III sont différents, mais toujours en noir et blanc. Il faut bien comprendre qu’ils ne représentent qu’une toute petite partie de la lumière reçue, dans deux “couleurs” judicieusement choisies pour obtenir un contraste maximum parce que les “vraies couleurs” sont pratiquement indiscernables à l’œil.

L’équipe du télescope Mayall à Kitt Peak a choisi de combiner les clichés en attribuant une couleur orange à H-α et bleue à O-III pour faire plus joli, alors que Keith B Quattrocchi et Mel Helm ont choisi des couleurs violettes et vertes, ajoutant même un troisième filtre pour le Soufre-II.

De plus ils sont plus explicites sur la technique utilisée: ils ont pris au total 21 clichés de 20 minutes d’exposition, soit 7 heures pour chacun des 3 filtres. Les clichés ont été superposés avec CCD Stack, et MaxIm DL, puis un peu PhotoShopés quand même.

Voilà, votre nouveau fond d’écran astronomique est disponible en deux couleurs, et vous savez pourquoi.

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>> Article initialement publié sur le Blog de Dr Goulu, un blog du C@fé des sciences

>> Illustration FlickR CC-by-nc Rusty Mayhew

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- “Sous deux soleils exactement

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Les lecteurs de Culture Visuelle connaissent bien le terme amateurs. Sur cette plate-forme de blogs, il signifie pratiquement toujours photographes amateurs et se comprend de fait en rapport (et parfois en rivalité) à la photographie professionnelle. Mais le champ couvert par les pratiques amateurs est évidemment bien plus vaste, même si l’on se limite aux activités dites « de loisir » impactées par les technologies numériques .

En examinant cette question d’un point de vue historique, André Gunthert identifie plusieurs domaines où l’amateurisme s’est développé bien avant de se transformer en un système alliant reconnaissance académique et professionnalisation. Il s’agit en particulier de l’amateur d’art et du rôle de l’accumulation ostentatoire des œuvres pratiquée par les rois et princes. De la même manière, l’activité des savants n’a pu se développer que parce que ceux-ci étaient alors protégés et financés par ces mêmes puissants personnages, qui étaient également amateurs de science. Mais à côté de ce mécénat artistique et scientifique, certains savants de premier plan furent engagés par ailleurs dans une activité lucrative quelconque et pratiquaient les sciences presque « comme un loisir ». Au XVIIeme siècle, la vie et l’œuvre de Pierre de Fermat, « prince des amateurs » , sont à cet égard emblématiques.

Avec la professionnalisation et l’institutionnalisation des sciences, il semble qu’il n’y ait plus guère de place pour ces amateurs de science éclairés et inventifs. Les sciences sont devenus bien trop complexes et spécialisées pour qu’il soit possible pour un amateur de s’y intéresser autrement qu’en spectateur. La figure de l’amateur de sciences dans le meilleur des cas serait alors celle d’un érudit ou d’un praticien approximatif de telle ou telle discipline pour laquelle il se passionne. Mais le chercheur professionnel moderne ne peut pas lui reconnaître le niveau requis pour « faire de la vraie science ». Il existerait ainsi deux continents : les véritables scientifiques qui participent de manière active à l’avancement d’un savoir et les amateurs qui ne peuvent prétendre qu’à une compréhension vulgarisée, ludique et simplifiée de ce savoir et sont alors rangés dans le rayon des « loisirs créatifs » au côté des férus du point de croix. Au mieux, on reconnaîtra dans certaines disciplines où des moyens techniques considérables ne sont pas toujours indispensables, que des autodidactes de génie puissent rivaliser ou même dépasser les professionnels. Ils sont alors, en règle générale, rapidement intégrés au système académique classique; le cas du mathématicien Ramanujan vient ici immédiatement à l’esprit.

Les pratiques amateurs dans les sciences seraient donc de facto incommensurables avec celles que l’on connait en photographie où l’on sait qu’elles sont parfois comparables sur le plan des techniques et des résultats aux pratiques professionnelles. Examinons de plus près cette idée à propos d’une discipline, l’astronomie, où d’ailleurs nous rencontrerons à nouveau la photographie.

La grande nébuleuse d'Orion (M42), par Thomas Shahan. Flickr, licence CC.

L’astronomie amateur

Plus encore peut-être que l’expression photographie amateur, la locution astronomie amateur est devenue consacrée. Elle forme un tout indissociable pour les protagonistes de l’activité. Le terme amateur n’est jamais considéré comme péjoratif, ce n’est pas le signe d’un manque par rapport à l’astronomie professionnelle. Les praticiens de la discipline se désignent d’ailleurs de plus en plus souvent par l’abréviation astram.

C’est un vocable similaire comportant le mot amateur qui est utilisé dans la plupart des langues européennes. Au États-Unis, on emploie aussi les expressions backyard astronomy (l’astronomie chez soi) et stargazing lorsque l’on ne s’intéresse pas à l’activité de construction des instruments qui fait partie intégrante de l’amateur astronomy.

Une brève histoire de l’astronomie amateur en France

Il existe en France une longue tradition de l’astronomie populaire. Elle remonte à trois ouvrages majeurs : le Traité philosophique d’astronomie populaire d’Auguste Comte (1844), l’Astronomie Populaire de François Arago – édition posthume (1854) par Jean-Augustin Barral, et enfin l’Astronomie Populaire de Camille Flammarion (1880) . Ces livres s’inscrivent certes dans le remarquable développement de la vulgarisation scientifique au cours du XIXème siècle , mais dans le cas de l’astronomie, ils ont aussi leur origine dans une véritable politique scientifique.

Le rapport du 7 messidor an III (25 juin 1795) rédigé par l’abbé Grégoire crée le Bureau des Longitudes. Le texte précise: « Ce Bureau fera, chaque année, un cours public d’Astronomie ». Il s’agissait grâce à ce cours de commencer à former de futurs observateurs et calculateurs pour remplir les missions dévolues au Bureau, en premier lieu améliorer la détermination des longitudes en mer – tâche évidemment très importante à l’époque tant du point de vue militaire que civil.

L’ouvrage d’Arago, en quatre volumes, est la transcription de ce cours oral public donné à l’Observatoire de Paris de 1812 à 1840 et qui rencontre un très grand succès au long de ces années. Arago veut être élémentaire et clair, il utilise dans son texte très peu de mathématiques. Mais son cours demeure un ouvrage de savant, didactique, précis et sans fioritures.

La version que donne Flammarion de l’astronomie populaire est bien différente. Son ouvrage est certes dédié à Arago, « fondateur de l’Astronomie populaire », mais son style tout en digressions romantiques n’a rien à voir avec celui du célèbre astronome.

À cette époque, un rapport précise que les observatoires d’État sont minoritaires dans les pays anglo-saxons du fait de l’importance des observatoires privés et universitaires . En France également, des observatoires privés font leur apparition. Ainsi, Flammarion n’est pas un astronome institutionnel. C’est un savant « indépendant ». Chassé de l’Observatoire de Paris par Le Verrier alors qu’il était apprenti, il a manifesté toute sa vie une certaine défiance envers la science académique tout en conservant de bons rapports avec de nombreux astronomes institutionnels. Il était en fait très soucieux de la légitimité scientifique de ses différentes activités, en astronomie comme dans les autres disciplines qu’il a abordé (dont le spiritisme). Le succès de son ouvrage majeur lui permettra de développer son observatoire privé à Juvisy-sur-Orge où il entreprendra entre autres travaux de nombreuses expériences de photographie astronomique.

Dès l’édition de 1880, l’Astronomie Populaire mentionne l’astronome amateur ou l’amateur d’astronomie. La figure de l’astronome amateur apparaît bien à cette époque et très probablement chez Flammarion. Elle s’est ensuite diffusée dans la culture populaire à travers différents canaux dont la littérature. En 1877 par exemple, le professeur Palmyrin Rosette du roman Hector Servadac de Jules Verne est encore un astronome autodidacte, probablement inspiré d’ailleurs par Flammarion lui-même. Plus tard, en 1901, ce sont explicitement des astronomes amateurs que le même auteur met en scène dans La chasse au météore.

Car « pratiquer et faire pratiquer l’astronomie est l’objectif, l’obsession de Flammarion » .  Il fonde en 1887 la Société Astronomique de France (SAF), diffuse la revue associée L’Astronomie, et crée ensuite un véritable réseau international d’astronomes amateurs, parallèle à celui de l’astronomie académique.

La SAF est ouverte à tous, professionnels comme amateurs, et cela mérite d’être souligné à propos d’une « société savante ». Tous les présidents de la SAF qui se sont succédés sont néanmoins des astronomes professionnels, membres de l’Institut, et la grande majorité des articles de la revue sont écrits par des professionnels. D’une certaine manière, cela légitime la place des amateurs tout en les infériorisant.

Le « creuset unique » rassemblant amateurs et professionnels est demeuré longtemps l’une des caractéristiques les plus originales de ce milieu, et de nombreux astronomes professionnels ont commencé par être amateurs et membres actifs de la SAF .

Sur le plan institutionnel également et jusqu’aux années cinquante environ, les amateurs sont parfois sollicités dans certains observatoires de façon à assurer au moindre coût un certain nombre de tâches routinières .

L’Astronomie populaire de Flammarion a été entièrement réécrite en 1955 sous la direction d’André Danjon et d’un comité de professionnels. À cette occasion, l’ouvrage a totalement perdu son esprit romantique teinté d’un positivisme suranné. Il est cependant demeuré l’un des meilleurs ouvrages d’initiation à cette science. Ce livre a incontestablement formé sous ses différentes éditions de nombreux astronomes amateurs et suscité la vocation de plusieurs professionnels.

Mais avant cette refonte du livre phare de Flammarion, d’autres auteurs ont publié des ouvrages de vulgarisation. Les plus importants furent sans doute Lucien Rudaux, qui fut aussi un artiste dont le travail préfigure celui de Chesley Bonestell, et l’abbé Moreux.

En décembre 1945, Pierre Bourge, un jeune astronome amateur, crée la Société Astronomique de Normandie et la revue Le Ciel Normand. L’année suivante, il fonde avec Jean Chauvet l’Association Française d’Astronomie Éducative, cette fois à vocation nationale, qui deviendra un peu plus tard l’Association Française d’Astronomie (AFA). L’association publie une revue qui changera plusieurs fois de nom et s’appelle maintenant Ciel et Espace.

En 1969, Pierre Bourge publie avec Jean Lacroux un guide intitulé A l’affût des étoiles – Guide pratique de l’astronome amateur. Ce livre qui en est actuellement à sa seizième édition a contribué à la formation de nombreux amateurs.

L’objectif de l’AFA est de regrouper les amateurs et de les aider directement et concrètement dans la pratique de leur passion. À travers les stages qu’elle propose et dans son magazine, l’AFA se veut beaucoup plus pragmatique que la SAF et ne propose pas de contenus théoriques ardus ou sous forme mathématique. De nombreux articles sont ainsi consacrés à la construction artisanale d’un télescope, activité « de bricolage » indispensable à une époque où les optiques professionnelles et les montures industrielles étaient hors de portée des amateurs. Des techniques d’observation et d’astrophotographie relativement faciles à mettre en œuvre sont aussi largement décrites.

Jusqu’à la fin des années soixante-dix, la SAF est ainsi perçue comme une société un peu élitiste, dispensant une vulgarisation de haut niveau en astronomie et astrophysique, tandis que l’AFA regroupe les amateurs préoccupés par la fabrication de leurs instruments et leur optimisation à des fins d’observation directe ou photographique. De nombreux amateurs sont toutefois membres des deux sociétés, et la SAF ne se coupera jamais de sa « base amateur », demeurant ainsi fidèle à l’esprit de Flammarion. Elle répondra aussi de façon exemplaire aux amateurs engagés dans la fabrication de leur instrument en publiant en 1961 le livre La construction du télescope amateur par Jean Texereau , ouvrage devenu un classique dans ce milieu.

Du côté des professionnels, la Société française d’astronomie et d’astrophysique (anciennement appelée Société Française des Spécialistes d’Astronomie) est fondée en 1978 par Évry Schatzman. Comme son nom initial l’indique, elle n’est pas ouverte statutairement au monde de l’astronomie amateur.

Le développement de l’astronomie amateur au niveau mondial durant les années soixante-dix, stimulé par la médiatisation de la conquête spatiale, a incité l’édition à publier plusieurs livres de vulgarisation. Ces ouvrages étaient souvent écrits par des astronomes professionnels dans un esprit pédagogique mais ils étaient la plupart du temps très succincts et parfois même condescendants envers les pratiques amateurs. C’est à cette époque également que plusieurs entreprises japonaises et américaines s’intéressent réellement à ce marché et proposent des lunettes et télescopes enfin accessibles aux non professionnels. Deux tendances se manifestent alors parmi les astronomes amateurs. Certains estiment que la construction d’un instrument n’est désormais plus du ressort de l’amateur. Celui-ci d’après eux ne construit pas plus son télescope que l’automobiliste ne fabrique sa voiture. D’autres au contraire défendent un point de vue bien différent – que l’on qualifierait maintenant de hacker – selon lequel la maîtrise de la construction fait partie intégrante de l’amateurisme et constitue une formation très importante aux techniques d’observation, en particulier pour la photographie astronomique qui nécessite une bonne connaissance des caractéristiques optiques de son instrument.

Ce clivage est l’une des causes d’un changement d’orientation important de l’AFA. Les anciens dirigeants de l’association sont remplacés en 1981 par une nouvelle génération issue du monde de la communication. Le fondateur « historique », Pierre Bourge, est évincé. La revue Ciel et Espace devient un magazine scientifique grand public et s’ouvre largement aux sujets astronautiques. Elle parle de moins en moins d’astronomes amateurs, locution souvent remplacée par passionnés d’astronomie et d’espace. La ligne éditoriale est celle d’un magazine éducatif, axé sur la dimension culturelle de la discipline. Les aspects pratiques et actifs de l’astronomie, les techniques photographiques des amateurs, leur implication dans certains programmes de recherche accessibles, sont moins présents qu’auparavant. Une agence de photos astronomiques est créée , l’association participe à des initiatives en direction de l’éducation, l’un de ses dirigeants, Alain Cirou, devient consultant auprès de la télévision pour les questions spatiales ou astronomiques. Au final, les astronomes amateurs les plus avancés ne se sont guère retrouvés dans cette nouvelle orientation.

Quelques associations plus spécialisées comme l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes ont aussi vu le jour. Mais surtout, les clubs d’astronomie locaux et régionaux qui existaient déjà au temps de Flammarion se sont beaucoup développés. Une grande part de la formation théorique et pratique des amateurs s’effectue actuellement dans ces groupements plutôt qu’à travers les deux grandes associations nationales que sont la SAF et l’AFA et leurs magazines respectifs. En parallèle, une presse autonome, dirigée vers les amateurs et non liée à des associations, a fait son apparition. Les titres les plus connus sont Astronomie Magazine, créé en 1999, qui s’annonce comme « la revue des astronomes amateurs » et AstroSurf Magazine créé en 2003. Ces revues reprennent assez nettement une orientation hacking, bricolage, techniques d’observation et de photographie, recherche amateur, etc. un peu délaissée par les magazines « historiques » liés aux associations.

Pour terminer ce rapide panorama, on doit relever enfin que de très nombreux sites, forums et blogs d’astronomie amateur se sont créés sur le Web . Les astronomes amateurs qui sont bien souvent également compétents en informatique sont à l’aise avec Internet qui est devenu leur média favori. Le développement d’Internet et des technologies numériques dans la photographie astronomique mais aussi pour le guidage des instruments et le repérage des objets observés constituent sans nul doute de nouveaux champs d’application de cet esprit inventif qui caractérise l’astronomie amateur.

La nébuleuse du Lagon (M8), par Fred Locklear. Flickr, licence CC.

Quelques pratiques de l’astronomie amateur

L’astronomie amateur peut constituer un loisir passif, contemplatif. Mais elle est aussi souvent créative, et pas seulement au sens limité et un peu désuet que l’on donne habituellement à cet adjectif lorsque l’on évoque les loisirs. Avec des moyens qui lui sont propres et même si ses résultats demeurent modestes, elle s’inscrit dans le même mouvement de curiosité et de recherche que l’astronomie institutionnelle. Quelques exemples nous aideront à comprendre cette caractéristique.

Construction, bricolage, hacking

L’apparition d’instruments d’observation à prix abordables a réduit considérablement le nombre d’amateurs qui taillent leurs miroirs et construisent leurs télescopes. Désormais, la plupart des astronomes amateurs utilise des lunettes et télescopes fabriqués par des entreprises spécialisées. Mais de nombreuses personnalisations des outils d’observation nécessitent bien souvent des talents de bricolage en optique, mécanique, électronique et informatique. L’adaptation de dispositifs parfois complexes, le souci de tirer parti au mieux des équipements, le souhait de mener à bien telle observation difficile ou de réaliser telle photographie délicate conduisent souvent les amateurs avancés à mettre en œuvre des solutions ingénieuses. Ainsi, c’est un amateur, John Dobson, qui a mis au point la monture actuellement utilisée sur de nombreux télescopes et qui permet d’accéder à des tailles d’instruments auparavant réservées aux professionnels.

Beaucoup d’amateurs utilisent aussi des techniques qui ne leur étaient pas accessibles jadis comme la spectroscopie. Certains se sont même lancés dans la radioastronomie et il existe des associations regroupant ces observateurs de l’invisible (ici et ). De même, plusieurs amateurs ont développé l’informatisation de leurs installations jusqu’à réaliser de véritables observatoires entièrement robotisés.

Astrophotographie

L’astrophotographie est pratiquée depuis longtemps par les amateurs et les images produites sont partagées et discutées par les passionnés. Flickr compte ainsi plus de 1000 groupes sur l’astronomie et près de 500 sur l’astrophotographie. Mais les techniques utilisées, argentiques d’abord et maintenant numériques, ne servent pas seulement à réaliser de belles photos. La photographie astronomique permet aussi grâce à de longs temps de pose d’enregistrer la présence d’objets inaccessibles à l’observation visuelle. À l’instar de son utilisation par les professionnels, c’est aussi avec cet objectif de découverte que l’astrophotographie est extrêmement populaire chez les amateurs.

De nombreux articles publiés dans les revues mentionnées précédemment, des livres, des stages, et surtout des études et informations disponibles sur le web – comme celles proposées par l’association Astro Images Processing créée en 2009 – permettent à l’amateur de se former aux techniques en question.

Surveillance et recherche d’objets

La surveillance d’objets instables et la recherche d’objets inconnus sont les deux domaines de prédilection où l’astronomie amateur aide l’astronomie institutionnelle.

Ainsi, les amateurs sont engagés depuis fort longtemps dans la surveillance et la mesure de la luminosité des étoiles variables. L’Association Française des Observateurs d’Étoiles Variables (AFOEV) a été fondée en 1921 et rassemble des observateurs professionnels et amateurs. La coopération entre les deux communautés est d’ailleurs inscrite dans les statuts de l’association.

La recherche d’objets nouveaux est aussi l’un des terrains où les amateurs peuvent exercer leurs talents. L’une des activités de ce type parmi les plus connue est la recherche de comètes. Chaque année en effet quelques-unes sont découvertes par des amateurs comme on peut s’en rendre compte sur ces statistiques . Le prix Edgar Wilson a d’ailleurs été institué en 1998 par l’Union Astronomique Internationale, l’organisation qui coordonne les travaux des astronomes au niveau mondial, afin de stimuler ces recherches effectuées par des amateurs.

Il existe d’autres niches de l’observation de recherche occupées par les amateurs : détection de novae et de supernovae (exemples ici ou ), chasse aux amas stellaires inconnus, aux nébuleuses planétaires (exemple ici), aux exoplanètes (exemple ici), etc.

On pourrait croire que les amateurs mis à contribution dans ces travaux de surveillance et recherche sont considérés par les professionnels comme des soutiers de l’astronomie, une sorte de main d’œuvre gratuite, tolérée seulement parce que la tâche est immense et ingrate. Les quelques témoignages que nous avons pu lire et l’existence d’associations comme l’AFOEV où la « mixité » entre les deux populations d’astronomes est de règle ne montrent pas cet état d’esprit.

Calcul distribué et crowdsourcing

L’astronomie demeure donc l’une des rares sciences où les amateurs peuvent encore produire des données d’observation utiles aux professionnels. Avec le développement d’Internet, d’autres projets qui font appel aux amateurs sont apparus. La plupart de ceux-ci reposent sur le calcul distribué. Le plus connu est SETI@home, développement du projet SETI de recherche d’une intelligence extraterrestre. On trouvera des listes d’autres initiatives basées sur le calcul distribué sur BOINC et Zooniverse.

Ces projets de volunteer computing ne nécessitent en réalité aucune connaissance en astronomie (ou dans toute autre science comme les mathématiques où de telles initiatives sont assez nombreuses). Il suffit pour le participant de s’intéresser à un sujet proposé et d’installer un logiciel qui effectue tout le travail. Nombre de tels projets s’inscrivent dans un mouvement plus large de « science citoyenne » dont l’ambition est d’impliquer le grand public dans la recherche scientifique.

De véritables projets collaboratifs qui nécessitent une [toute petite] expertise de la part du participant sont également apparus plus récemment. On peut citer parmi ces travaux de crowdsourcing scientifique, la classification de plus d’un million de galaxies avec Galaxy Zoo et la recherche d’exoplanètes avec Planet Hunters.

Nébuleuse planétaire OU1 découverte par l'astronome amateur Nicolas Outters.

Pour une socio-épistémologie des pratiques amateurs

Les amateurs ne sont pas en concurrence avec les astronomes professionnels. Ils ne sont pas organisés à cette fin et savent pertinemment qu’ils ne possèdent pas les compétences et les moyens nécessaires pour mener de véritables travaux de haut niveau. Ils ne développent pas non plus une manière alternative d’effectuer des recherches dans cette science.

Bien que de nombreuses activités en direction du grand public et certains articles de revues puissent le laisser penser, l’astronomie amateur n’est pas non plus assimilable à la vulgarisation scientifique. Les amateurs savent qu’ils pratiquent un loisir culturel, mais pour la plupart d’entre eux, il s’agit plus que de « comprendre » le ciel, les astres, l’univers; c’est pour eux un ensemble de pratiques actives stimulées par le goût de la découverte et dont nous avons donné ci-dessus quelques exemples.

Coincée entre l’astronomie institutionnelle, la vulgarisation scientifique, les loisirs culturels, l’astronomie amateur n’est cependant pas réductible aux seules caractéristiques sociologiques que l’on peut tirer de sa pratique, de ses modes de fonctionnement, de ses instances (associations, clubs), de ses productions (photos, livres, magazines, webs, blogs, crowdsourcing, etc.).

L’astronomie amateur est-elle une astronomie « en miniature » ? La construction ou la mise en œuvre d’un dispositif d’observation de taille modeste à l’échelle professionnelle ainsi que l’utilisation de méthodes qui demeurent relativement simples au regard de ce qui est pratiqué dans la discipline institutionnelle pourraient autoriser la comparaison avec le modélisme. Cette assimilation déplait en général fortement aux amateurs. Ils défendent plutôt l’idée que les amateurs et les professionnels poursuivent grosso modo les mêmes objectifs mais à l’aide de moyens différents.

Il existe de véritables enquêtes sociologiques concernant les photographes amateurs ; il ne semble pas par contre que de tels travaux concernant les astronomes amateurs aient été réalisés. Une telle enquête en tout cas devrait s’adresser à la fois aux astronomes amateurs et aux professionnels et s’intéresser à la perception des pratiques amateurs par chacune des communautés. Elle devrait chercher à comprendre la conception que les deux populations se font de leurs savoirs respectifs. Autrement dit, une véritable étude concernant le statut socio-épistémologique des pratiques amateurs mériterait d’être conduite auprès des astronomes amateurs et professionnels.

>> Article initialement publié sur Culture Visuelle

>> Illustration FlickR CC : write_adam

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Ça se tabasse autour d’une planète habitable http://owni.fr/2010/11/15/ca-se-tabasse-autour-dune-planete-habitable/ http://owni.fr/2010/11/15/ca-se-tabasse-autour-dune-planete-habitable/#comments Mon, 15 Nov 2010 10:45:01 +0000 Loic H. Rechi http://owni.fr/?p=35733 Titre original : Découvrir une planète habitable puis se mettre sur la gueule

Le fantasme ultime. La découverte de l’existence d’une planète habitable avec des êtres – comme nous ou pas, on s’en carre – mais en tout cas bien vivants. Des petits mecs dotés de tout un tas de capacités fantastiques qu’on se plait à imaginer organisés en une civilisation énigmatique, un truc qui bien entendu dépasserait complètement nos simplistes conceptions de civilisations basées sur la religion, le pognon et la baise.

Et puis au détour d’un article, puis trois, puis cent, la possibilité se matérialise soudainement. Fin septembre, deux gus américains – des scientifiques qui jubilent à l’idée de révéler de nouvelles vérités à la face du monde – s’affichent tout sourire et s’étalent dans les médias les plus respectables de NOTRE planète, pour nous expliquer en substance, que ça y est, ils ont découvert une planète habitable, quelque part aux confins de l’univers.

Et plus incroyable encore que l’annonce elle-même, c’est l’optimisme dont ils font preuve qui te coupe le souffle. Les chances d’une vie extra-terrestre existant sur ladite planète habitable sont de 100%. Et là, mon pote, je la vois poindre cette question qui se dessine sur ta gueule. Ah ouais vraiment? Hmm, comment te dire…

Une naine rouge?

S’amuser à rechercher des planètes habitables tient de la vieille obsession qui n’a paradoxalement été rendue possible que très récemment, grâce aux progrès techniques réalisés en matière d’observation de l’espace. Depuis 1995, les astronomes ont ainsi détecté 492 exoplanètes, à savoir des planètes tournant autour d’étoiles autre que le Soleil. Parmi ces 492 planètes extrasolaires, toutes ou presque ne sont que des boules de gaz géantes sur lesquelles la vie telle que nous l’imaginons a tout d’une bonne blague.

Pour obtenir, ne serait-ce qu’un ersatz de vie, ces planètes auraient besoin de conditions basées sur l’existence du carbone ainsi que la présence d’une forme d’eau liquide. La plupart de ces exoplanètes étant bien trop proches de leur étoile, l’affaire s’était toujours montrée foireuse jusque là.

Puis en 2007, l’étoile Gliese 581– une naine rouge située à 20,5 années-lumière de la Terre – fait pas mal parler d’elle, quand les scientifiques européens de l’équipe de l’astrophysicien suisse Michel Mayor annoncent que deux des planètes de son système pourraient peut-être se révéler habitables.

La raison d’y croire? Elles se trouveraient dans la zone d’habitabilité, celle-là même où l’eau peut rester liquide sur une planète. A titre de comparaison, dans notre système solaire, trois planètes se trouvent dans la zone d’habitabilité, Mars, Venus et la Terre évidemment. Or on sait ce qu’il en est pour les deux premières. Autant dire que c’était pas gagné.

« - 31°? Même pas froid! »

Cette naine rouge répondant au nom barbare de Gliese 581 est en fait une étoile trois fois moins massive, deux fois plus petite et près de mille fois moins brillante que le Soleil. Si certains scientifiques estiment qu’elle possède un système planétaire constitué de six exoplanètes – on va y venir –  l’existence de deux d’entre elles, les planètes Gliese 581f et Gliese 581g, est fortement soumise à caution. Après la découverte des quatre premières, les scientifiques européens se sont logiquement évertués à se poser la question de savoir si deux d’entre elles, Gliese 581c et Gliese 581d, étaient potentiellement habitables puisque situées au bord de la zone d’habitabilité. Rapidement pourtant, en raison de l’absence de tout un tas de données capitales – concernant leur atmosphère notamment – les chercheurs européens se sont perdus en conjectures, et à peu près tout le monde a fini par ne plus en avoir rien à branler.

Trois ans plus tard, la petite sérenade reprend mais cette fois, ce sont les astronomes et astrophysiciens américains Steven S. Vogt et Paul Butler qui s’y collent. A la tête d’une équipe composée de membres de la renommée Institution Carnegie de Washington, les deux chercheurs publient fin septembre une révélation qui file le tournis aux médias du monde entier.

Après onze années à étudier le sujet, les deux lascars lâchent une bombe en révélant qu’il existe deux planètes autour de la naine rouge Gliese qui seraient probablement habitables, les fameuses planètes controversées f et g. Pas vraiment dans la mesure, Vogt se tripote littéralement la quine et explique au monde entier que Gliese 581g aurait tout de la planète recherchée depuis si longtemps. Sa masse ne serait que trois ou quatre fois celle de la terre, avec un diamètre compris en 1,2 et 1,4 fois celui de la Terre. Celle-ci effectuerait une rotation en 37 jours et présenterait des températures comprises entre -12° et – 31° celsius. Détail non-négligeable, une moitié serait en permanence dans la lumière de la naine rouge tandis que l’autre serait logiquement plongée dans la pénombre. Et comme elle se trouverait au beau milieu de la fameuse zone d’habitabilité, les chances d’y trouver de l’eau liquide seraient tout bonnement énormes. Et c’est là que le Steven Vogt s’enflamme carrément. D’une part, sa rhétorique digne des plus éminents ufologues a de quoi de surprendre:

« Si elles sont rares, nous ne devrions pas en avoir trouvé une si vite et si proche. La fraction de systèmes avec des planètes potentiellement habitables est probablement de l’ordre de 10 ou 20 %, et quand vous multipliez cela par les centaines de milliards d’étoiles dans la Voie lactée, vous trouvez qu’il pourrait y avoir des dizaines de milliards de ces systèmes dans notre galaxie »

Mais l’affaire prend véritablement une tournure excitante quand celui-ci lâche donc sans sourciller que la possibilité que cette planète abrite une forme de vie est de l’ordre de 100%. Complètement perché, il va même plus loin encore, affirmant selon Serge Brunier, journaliste de Sciences et Vie que les Américains « disposeraient d’ores et déjà des moyens techniques permettant d’aller [l']explorer in situ. »

Même si les conditions de vie sur cette planète de toute façon située à 192 000 milliards de kilomètres de Paris, ont l’air complètement péraves, le fantasme du petit homme vert – dans son blouson en Gore-tex pour encaisser le froid, évidemment– est ravivé, ce qui donne assurément à Michel de la compta, l’opportunité de balancer un super lien à Patrick de la logistique. Bref, dix jours durant, l’histoire de la planète habitable nous est resservie à toutes les sauces et chez nous, Le Monde et Le Point – pour ne citer qu’eux – ne manquent pas de relayer l’information. Sauf que…

Europe versus USA

Sauf que si l’histoire a beau être super cool sur le papier, le truc sent clairement l’enfumage et c’est la polémique qui reprend dessus. À la baguette, on retrouve bien entendu les meilleurs ennemis des scientifiques américain, à savoir les scientifiques européens. Les quatre premières planètes connues en orbite autour de Gliese ont toutes été découvertes par l’équipe européenne de Michel Mayor, à l’observatoire de La Silla, au Chili, site où se trouve HARPS, le télescope le plus puissant de la planète. Les deux dernières, par contre, l’ont donc été par Vogt et Butler grâce au télescope américain Keck, situé à l’observatoire du Mauna Kea, à Hawaï.

Concrètement, les Européens l’ont hyper-mauvaise parce qu’ils avaient déjà émis l’hypothèse de l’habitabilité – sans jamais pouvoir la prouver – pour deux autres des quatre planètes initialement découvertes, un fait que leurs homologues américains se sont bien gardés de rappeler. Mais l’affaire prend surtout une tournure encore plus pathétique quand les Européens opèrent une nouvelle vérification – avec un meilleur outil donc – à l’endroit précis où Gliese 581g est censée se trouver… et ne trouvent rien, confirmant l’existence très improbable des deux planètes supplémentaires. Revanchards et trop content de défoncer leurs homologues ricains, Michel Mayor et son équipe, en la personne de Francesco Pepe, l’un de ses collaborateurs, organisent alors d’une petite conférence de presse à Turin, il y a environ deux semaines pour refoutre les points sur les i des mots « scientifiques américains »:

« S’il y avait une indication dans nos données permettant de conclure à l’existence de Gliese 581g, nous aurions été capables de la trouver. [...] Nous n’avons trouvé aucune preuve de l’existence d’une cinquième planète dont la révolution serait de 37 jours »

Ambiance.

Sans doute pris de court, Steven s’est depuis contenté de répondre qu’il était confiant quant au travail de son équipe et qu’en quinze années passées à rechercher des exoplanètes, il ne s’était jamais fendu d’une fausse déclaration ou d’un erratum. Argumentation ô combien bullshit, mais soyons honnêtes, on n’en est plus à ça près. Toujours est-il que les Européens, arrogants au possible jubilent face aux doux mesquins américains.

Comme le résume bien Serge Brunier sur son blog, l’expérience de l’équipe européenne sur Gliese – couplée au fait qu’ils possèdent de toute façon le meilleur jouet pour observer les étoiles – fait clairement pencher la balance de leur côté. Pas tout à fait objectif non plus, Brunier, en profite au passage pour tacler salement les Ricains, rappelant que ce ne serait pas la première fois qu’ils publieraient des infos erronées avant de les avoir vérifié, sans oublier toutes les fois où ceux-ci ont disqualifié ou oublié de mentionner sciemment certaines découvertes européennes pour mieux leur damer le pion médiatique.

Mais, au delà du fait même de la véracité ou non de cette histoire de planète habitable – qui parait tout de même être une sacrée escroquerie – c’est surtout le comportement putassier dans le petit milieu des découvreurs de planètes qui interpelle. Si les politiques de fonds alloués à la recherche sont probablement la raison qui poussent les scientifiques à se foutre des coups de schlass par derrière, la marche forcée à la publication dans le but d’obtenir toujours plus de crédits de recherche – comme le souligne à raison Sylvestre Huet, journaliste scientifique à Libération – entraine tout ce petit monde dans un sillon plutôt malsain. Alors évidemment, pour peu que ces petites catins de journalistes en rajoutent une dose, hop, on tombe dans le clash scientifico-grotesque entre grosses têtes, pas intellectuelles mais plutôt niveau Philippe Bouvard.

On se fout souvent de la gueule des sportifs et de leur QI d’huitre, mais en définitive, il n’y a pas de raison que les golfeurs européens et américains soient les seuls à se foutre sur la gueule pour l’honneur du continent au cours de la Ryder Cup. Chez les astronomes, c’est pareil, on se la joue concours de grosse bite à la sauce guerre froide pendant toute l’année. Et puis, pour Noël, surtout, on n’oublie pas de demander son télescope plus gros que celui du voisin. En espérant pouvoir lui foutre dans le cul l’année suivante.

>> Illustrations CC Wikimedia Commons : ESO/L. Calçada et European Southern Observatory (fiche Wikimedia Commons)

>> Article initialement publié sur Abstrait ≠ Concret

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