OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les Vieilles Charrues, un bon festival “à l’ancienne” http://owni.fr/2011/07/21/les-vieilles-charrues-un-bon-festival-a-lancienne/ http://owni.fr/2011/07/21/les-vieilles-charrues-un-bon-festival-a-lancienne/#comments Thu, 21 Jul 2011 08:53:50 +0000 Sourdoreille http://owni.fr/?p=74294 Cet anniversaire devait tenir toutes ses promesses : celui d’un festival exubérant, gargantuesque et pourtant toujours aussi bon enfant et attaché à son territoire. Comme une immense fête de village où, d’année en année, les habitants auraient invité leurs amis, puis les amis des amis… Pour finir par se retrouver avec plus de 5.000 bénévoles et 240.000 entrées en 4 jours !

Certains imaginaient une programmation mythique pour cette édition anniversaire. On a entendu les noms de Daft PunkNeil Young ou même des Rolling Stones circuler ! Rien de tout ça finalement. Les Charrues sont restées fidèles à elles-mêmes : une programmation foutraque, ou en trois heures, on peut s’enchaîner ScorpionsSnoop Dogg et Mondkopf ! Une programmation concoctée à base de grosses têtes d’affiches françaises façon variet’ (Jean-Louis Aubert, Eddy Mitchell, Yannick Noah…) et quelques jolis coups (PJ Harvey, Lou Reed, Cypress Hill…). Derrière ces locomotives (on oublie volontairement Guetta), une centaine de groupes tout aussi divers dans leur style, leur nationalité et leur niveau de notoriété. C’est un peu comme à la fête foraine : il y en a pour tous les goûts, et à toute heure…

Cette prog’ des 20 ans a été critiquée. Et pourtant, en moins d’une journée, les 105.000 pass 3 ou 4 jours ont été vendus. Un commerce au noir a fleuri sur la toile, à tel point que le festival a dû mettre en place un système de bourse d’échange pour éviter les dérives (des pass proposés à 600 euros et un procès gagné contre un site anglais). Étonnant ? Pas tant que ça…

Les Vieilles Charrues, c’est le festival « à l’ancienne » par excellence. Celui qui jouit d’une côte d’amour irrationnelle et totalement déconnectée des aléas artistiques (et par la même de la surenchère des cachets). On y vient avant tout pour y retrouver une ambiance. Les bénévoles et les festivaliers font la force et l’attrait de ce festival. Les groupes, eux, se doivent de réaliser la bande-son pour cet étrange village de petits Gaulois bien décidés à faire la fête jusqu’à plus d’heure.

On pourrait penser qu’il s’agit d’une spécificité bretonne, voire des Charrues. Pourtant, une étude anglaise sur les festivaliers en Europe montre que le premier critère pour se décider à venir ou non sur un festival, ce n’est pas la programmation mais le nombre d’amis qui seront présents. La propreté des toilettes compte presqu’autant que la programmation…

Lives

Notre histoire avec les Bloody Beetroots a débuté il y a plus d’un an, à Panoramas. Ce jour d’avril 2010, les trois Italiens masqués retournaient littéralement la petite ville de Morlaix. On en avait alors profité pour capter un live démoniaque

De retour en terres bretonnes avec leur nouveau spectacle « Church Of Noise », les potes de Steve Aoki étaient attendus ce week-end aux Charrues. Quelques minutes en amont de leur live, nous les avons suivis pour immortaliser leur entrée en scène devant plusieurs dizaines de milliers de furieux, sur la scène Glenmor…

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Notre première rencontre avec les gais lurons québécois Misteur Valaire s’est faite il y a un an autour d’un jeu un peu bizarre. Depuis, on les a vus sur scène chez eux, au Québec, et on s’est dit que les Montréalais méritaient bien qu’on immortalise l’un de leurs concerts.

Sur la scène Grall, France, DRouin, Jules, To, Luis ont réveillé les corps humides, l’heure de l’apéro à peine passée. Voici Ave Mucho, hymne à la fête et à la bonne humeur :

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Dans le sillage d’une bien chouette soirée sur la scène Grall (Misteur Valaire, Tiga…), l’ovni Crystal Fighters a débarqué à Carhaix. Ce projet musical hors-cases mélange rock, électro, folklore basque et même quelques incursions dubstep. Le concert des anglo-espagnols restera une des révélations du festival. Il ne vous reste plus qu’à vous jeter sur ce live !

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Demander à un rappeur d’avoir un bon flow et des textes incisifs. Voilà, à priori, le b.a.-ba requis pour se présenter sur scène, quand on prétend taquiner la rime. Parfois, la réalité est toute autre. Mais quand Marc Nammour se présente à nous pour ouvrir la 20e édition des Vieilles Charrues, on se convainc vite qu’on a ici affaire à un garçon sérieux. Ce rap-là a des choses à dire. Cela peut paraitre prise de tête. C’est tout le contraire.

En face d’Olivia Ruiz, le son rock de La Canaille est une bonne mise en jambe, et surtout un bel éveil des sens et des consciences. Nous avons filmé Par temps de rage, morceau éponyme du second album du groupe, paru en ce début d’année.

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On ne vous a jamais raconté notre première rencontre (ratée) avec Goran Bregovic. C’était il  y a un an, au Foin de la Rue. On devait l’interviewer. La thématique de l’interview (l’enfance) ne lui avait pas plu, et il avait tourné les talons.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Goran Bregovic a posé le pied pour la première fois à Kerampuilh cette année. Pourtant, il était évident que la rencontre entre le public des Vieilles Charrues et le natif de Sarajevo serait un chouette moment. Tête d’affiche d’une soirée à Grall dédiée aux musiques de l’est, le gazier s’est dépassé. Et le public, comme bien souvent, ne s’est pas fait prier.

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Acoustique

Il y a des femmes qui transpirent le rock par tous les pores de la peau. Lisa Kekaula est de celles-là. Débarqués de Londres pour faire trembler la scène Glenmor, la chanteuse des Bellrays et ses trois musiciens ont prouvé que la flamme soul-rock est intacte.

Quelques minutes après leur concert, Lisa Kekaula et son guitariste ont débranché le courant et nous ont offert une petite session acoustique, dans leur loge.

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On pensait la trouver avec sa guitare en bandoulière, c’est finalement avec un synthé que Ladylike Lily nous a accueillis dans sa caravane. La jolie Rennaise, qui bénéficie du soutien actif des Vieilles Charrues, est venue passer quatre jours au festival, en voisine. Accompagnée de son ingé-son qui a dégainé un iPad pour l’occasion, Ladylike Lily nous a offert en avant-première l’un de ses nouveaux titres, Kissing Spell, qu’elle jouait pour la première fois. Une histoire de sirène qui ne voulait pas tuer les gens :

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Brèves de Charrues

À la belle étoile. A son origine, l’expression « faire campos » désignait la fin de l’école pour permettre aux enfants de retrouver leur campagne et se coltiner les travaux agricoles, au champ. Deux siècles plus tard, les temps ont bien changé, du côté de Carhaix. Ici, on remet les pendules à l’heure : le camping, c’est chouille, chouille et chouille.

Auto-proclamé meilleur camping de festival en France, ce champ est franchement surréaliste, par instants. Dormir, c’est tricher. L’heure où tout dérape ? L’apéro, bien entendu. C’est à ce moment-là qu’on est allés à la rencontre de ces festivaliers multi-récidivistes de délits carhaisiens. A la rencontre des habitués, pour nous narrer leurs souvenirs et meilleurs moments de ces vingt éditions.

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Après quoi courent-ils ? 13h47. Soit 17 minutes de retard pour une ouverture des portes très calme, même si les files d’attente avaient été doublées cette année. Pour la petite histoire, les premiers à fouler Kerampuilh sont deux quinquagénaires, prenant leurs jambes à leur cou et traçant leur route comme des ados. Pour Scorpions, on parie.

Tout change, rien ne change. Qu’y-a-t-il  de nouveau pour ces 20 ans ? A vrai dire, pas grand chose, et c’est tant mieux. Principal enseignement : le festival est toujours préservé des assauts de marques trop envahissantes. A Carhaix, on joue encore sur terrain neutre.

Girls power. Deux journalistes nous annoncent que 69% des festivaliers sont des filles. Majoritaires, peut-être. Mais nos confrères voient peut-être un peu double, quand même, lorsqu’il s’agit de la gent féminine.

Retour aux sources. En décembre, Olivia Ruiz sera à l’affiche de ‘Un jour, mon père viendra‘, comédie tournée lors de l’été 2010, et où elle donne la réplique à Gérard Jugnot et François Berléand. En conférence de presse, la belle insiste : rien de plus légitime pour celle qui a d’abord une formation de comédienne avant de pousser la chansonnette. Tiens, prend ça, Vanessa Paradis.

God saves Jarvis Cocker. Pulp a joué sur une scène Kerouac désertée par un public soucieux de se placer pour Scorpions. Les irréductibles n’ont pas été déçus du voyage un peu halluciné proposé par Jarvis Cocker, un animal capable de rester classe en faisant mine de montrer son pénis et en se mettant à quatre pattes. Ce mec est grand.

Mondkopf, taille patron. Ce petit génie de la musique électronique tient décidément une côte d’enfer. Initialement prévu sur la scène Grall, honnêtement plus conforme à son statut, l’auteur du somptueux ‘Rising Doom’ s’est vu proposer ensuite la clôture de la grande scène, à condition d’allonger son set de cinq petites minutes. Si ce n’est que ça, alors banco.

Que devient le Doggystyle ? Alors que les vrais gangstas se font plomber dans la rue, Snoop Dogg referait-il son cercle d’amis autour de David Guetta ? On préfère en tout cas le voir avec son spliff et le son west-coast qui le caractérise tant. Plutôt qu’appeler au jump, avec des sons dance machine. Le grand écart est là, et nous, on souffle le chaud et le froid.

Publié initialement sur le blog de Sourdoreille sous les titres Brèves de comptoir des Vieilles Charrues et les Vieilles Charrues, pays de Cocagne

Illustration: Flickr CC PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales StevenLeRoux

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Découvrez Give Me Your Live (Ptits Pilous Remix) by Skip The Use http://owni.fr/2011/05/02/decouvrez-give-me-your-live-ptits-pilous-remix-by-skip-the-use/ http://owni.fr/2011/05/02/decouvrez-give-me-your-live-ptits-pilous-remix-by-skip-the-use/#comments Mon, 02 May 2011 13:28:53 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=31673 Skip The Use, c’est l’histoire de cinq lillois qui ont décidé de faire bouger les foules. Emmené par l’explosif Mat Bastard, qui n’est pas sans rappeler un certain Kele (frontman du groupe anglais Bloc Party), le quintette vient de terminer l’enregistrement de son second album à sortir en septembre prochain.

Son premier album, le groupe l’a autoproduit, se faisant par la suite remarquer sur scène, où le disque l’a emmené pour plus de 150 dates. Entre les premières parties (Mademoiselle K, Rage Against The Machine, Trust, Mark Ronson…) et de nombreux festivals prestigieux (Printemps de Bourges, Garorock, Solidays, Sziget, Main Square…) le groupe s’est forgé une forte identité scénique qui marque durablement les esprits. Impression confirmée il y a quelques semaines, quand le groupe a convié quelques invités à écouter en live une sélection de nouveaux titres dans un studio du onzième arrondissement parisien. Pour les novices de Skip The Use, la claque a été totale, tant l’énergie déployée par chacun des membres de la formation, et surtout chaque chanson, tubesque et explosive à souhait, étaient évidentes.

Pour leur second opus, Mat et sa bande ont signé sur un gros label, Polydor. Un joli coup qui ne semble pas les effrayer outre mesure : “La transition s’est faite assez facilement, on a un lourd passé indé et parfois il nous faut accorder nos violons. On est tombés sur une équipe assez cool et rock ‘n’roll donc on parvient jusqu’ici a toujours trouver un terrain d’entente. L’avantage c’est qu’on a pu faire le disque qu’on voulait et comme on le voulait, le projet n’a pas perdu de sa fougue ni de son petit côté trash“.

L’album, enregistré entre leurs studios respectifs, celui du label, le célèbre studio ICP à Bruxelles et même Bristol pour le mixage, s’annonce comme l’un des plus intéressants du second semestre, avec un son électro-rock puissant et des titres aussi efficaces qu’électrisants. Le premier single choisi pour le présenter s’intitule Give Me Your Life, et résume parfaitement l’impression que l’on ressent à l’écoute de cet opus : ce groupe ne resemble à aucun autre.

Nous vous proposons de découvrir ce single via un remix des Ptits Pilous, qui sans altérer la chanson originale, lui offrent un traitement résolument dancefloor auquel peu sauront résister. Si vous étiez passé à côté des débuts de Skip The Use, il est grand temps de rattraper le temps perdu et de rejoindre le train (à grande vitesse) de ce groupe qui devrait marquer 2011.

Skip The Use sur Facebook / Twitter / Myspace / Blog

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C’était mieux avant? http://owni.fr/2011/04/29/cetait-mieux-avant/ http://owni.fr/2011/04/29/cetait-mieux-avant/#comments Fri, 29 Apr 2011 14:36:56 +0000 Hélène David http://owni.fr/?p=59100

From now on, it’s a free concert.

Nous sommes en fin de journée, ce 15 août 1969. L’organisateur qui prononce cette phrase (« dorénavant, le concert est gratuit »), devant près de 500.000 festivaliers, ne se doute pas de l’engouement historique que va susciter ce Woodstock Music and Art Fair.

L’ambiance est à l’antimilitarisme, au flower power, à l’utopie collective. Ces trois jours auront vu se produire les meilleurs musiciens que compte alors l’Amérique. Et lorsque les barrières tombent, sous la masse des spectateurs, l’événement qui allait être le cœur du « summer of love », en plus d’être fondateur de la culture pop-rock, allait être gratuit.

Cette gratuité n’est pas tant à mettre sur le compte d’un désintéressement financier de l’organisation que sur leur débordement face au torrent des festivaliers, combiné à une ambiance de “paix et d’amour” qui laissait penser que tout était possible. A vrai dire, en 69 non plus, on n’organisait pas un festival de cette ampleur sans espérer glaner quelques dollars.

Un an plus tard, au sud de l’Angleterre, le festival de l’Ile de Wight accueille lui aussi des centaines de milliers de spectateurs. Quelques heures après le début des festivités, les palissades installées pour éviter aux resquilleurs de ne pas payer les trois livres d’entrée tombent à leur tour. Le mécontentement des festivaliers a eu raison de l’organisation. Les concerts seront gratuits. (Voir les images d’archive)

L’innocence perdue de la production

Dans une interview [EN] accordée en 2003 au quotidien turc Hürriyet, Michael Lang, l’organisateur de Woodstock et de plusieurs autres festivals, expliquait ce qui à ses yeux, avait changé depuis cette époque :

La chose qui a le plus changé, c’est que l’on vit dans un monde beaucoup moins innocent.

Trente ans après l’édition mythique de Woodstock 1969, le concert anniversaire de 1999 accueillait près de 600.000 spectateurs, probablement attirés par l’idée de toucher du doigt cette innocence perdue. Tarif : 150 dollars pour les trois jours.

Quant au festival de l’Ile de Wight, c’est 150 livres (pour les non campeurs) qu’il faudra débourser cette année pour assister aux concerts de Kasabian, Foo Fighters ou encore Beady Eye (ou Oasis recyclé). Aussi prestigieux soient-ils, les festivals sont devenus une industrie à part entière. Il n’y a guère qu’en France qu’on semble encore s’en cacher.

Lorsqu’en 2008, le mastodonte Live Nation [EN] -entreprise organisatrice de concert et tourneur-, prend le contrôle du Main Square Festival, les critiques se font entendre. Elles sont relayées en avril 2010 dans Le Monde, dans un article intitulé “La France conquise par Live Nation, numéro 1 du spectacle”:

Cette structure de douze salariés (dont plusieurs débauchés chez la concurrence) gère sur le territoire français le catalogue international du groupe – qu’il s’agisse des artistes signés “globalement” par Live Nation (Madonna, U2, les Rolling Stones, Jay-Z, Shakira…), suivant le principe des contrats à 360° incluant la scène mais aussi le disque et le merchandising, ou des tournées achetées au coup par coup, comme celles de Rihanna ou Lady Gaga. Sur ce créneau, la concurrence est rude pour les producteurs français. “Difficile de lutter quand il s’agit de deals internationaux“, admet Salomon Hazot, patron de la société Nous Productions, qui a récemment perdu divers artistes au profit de Live Nation.

La culture fast-food, à la sauce rock

Certains -rares- irréductibles boycottent ce genre d’organisation. Fan de la première heure de Kasabian, Delphine, pourtant lilloise, n’ira pas assister au concert de ses idoles cet été à Arras, parce qu’elle désapprouve le fonctionnement du tourneur :

Par principe, je boycotte Live Nation. Sauf exception. Parce que bon, puisqu’ils contrôlent 90% du marché, pas facile d’y échapper…

Les autres, pour la plupart, s’en fichent comme de l’an 40, ou se rendent simplement à l’évidence: la musique est un business. Benoît Sabatier est de ceux là. Rédacteur en chef adjoint de Technikart, habitué des festivals depuis ses plus jeunes années et spécialiste de la culture pop, il ne se fait plus d’illusion sur la nature de ces grands rassemblements dont il reste friand, mais qu’il nomme, sens de la formule oblige, “parcs d’attraction bien taxés avec déglingue tolérée”:

Les festivals, c’est le relevé des comptes de l’industrie. Une affiche se monte à coup de billets. On paye, on pointe, on se baffre, on enchaîne les groupes. C’est le côté fast-food du rock. Fast-rock : on bouffe un peu de Strokes, un bout d’Arcade Fire, une aile de Massive Attack, on arrose de Soulwax et on fait passer avec des rasades de Queens of the Stone Age… Dans un festival, la musique est un prétexte. C’est la colonne vertébrale, mais ce qu’on en retient à l’arrivée, c’est aussi comment était la bière, qui on a rencontré, où on a dérapé et comment on a fini. Niveau musique, un festival fait plus business parce que cette sortie rejoint celle que font les familles à Disneyland. Il y a un prix d’entrée, et il faut mettre sa main à sa poche pour toutes les animations annexes.

Le rock dépolitisé

On le sait, la musique est une industrie. Le live en est l’un des piliers. L’innocence des hippies de 69 s’est probablement évaporée, mais ce n’est pas tout. Notre rapport à la musique, la façon dont on la “consomme” et ce qu’on y investit ont complètement changé. C’est ce qui explique aussi en partie l’évolution des grandes messes du rock depuis les années 60.

Aux chansons folk des années 60-70, qui invitaient à une prise de position politique et conduisaient tous ses amateurs à se ranger aux grandes idées de la jeunesse hippie de l’époque, ont succédé des groupes souvent meilleurs musicalement, mais détachés de tout engagement politique.

La jeunesse de Woodstock reprenait le “give me a F, give me a U, give me a C, give me a K” de Country Joe McDonald, exprimant ainsi son opposition résolue à la guerre de Vietnam. Le top de l’engagement aujourd’hui, ce sont les néons “eco-friendly” de Radiohead, ou les verres recyclables. Les Dylan, Baez ou Hendrix d’hier ont été remplacés par de gentilles icônes pop ou des méga groupes qui envoient des décibels, mais ne font plus de discours.

C’en est fini du rock comme propulseur d’une idéologie politique, censé être en totale déconnexion avec l’idée même de faire de l’argent.  Aujourd’hui, le rock sert aussi à faire de l’argent. Ou plutôt, comme l’explique Benoît Sabatier de Technikart, on a cessé de se mentir à ce sujet:

Dans les années 60-70, le rock est lié au gauchisme. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le rock, s’il reste de gauche, est un produit totalement lié au libéralisme. Il l’est à la base: Elvis et les Beatles étaient soumis à la loi du marché, mais dans les années contre-culture, 60-70, le rock devait, de façon soit utopique, soit hypocrite, faire comme si régnait le désintéressement face à l’affreux Dieu dollar. Surtout dans les Festivals. Vu d’aujourd’hui ça semble dingo: un festival, dans les sixties, devait être gratuit. Le public de hippies trouvait inconcevable, anti-rock, de devoir payer un droit d’accès. Il y avait une pression énorme. Il pouvait y avoir une part d’opportunisme, (notamment les festivals gratuits pour vendre plus de disques payants), mais aussi un vrai côté généreux, communautaire, festif, anti-matérialiste. C’était logique, idéologique. Progressivement l’industrie a vu dans les seventies que le rock n’était pas une mode éphémère mais un entertainment juteux: à partir des années 80, l’idée de gratuité des Festivals était un souvenir fumeux et chevelu.

Le côté festif est resté intact. Les concerts ont valeur d’entertainment. L’idéologie et la contestation qui leur étaient autrefois associés ont disparu. Une révolution digne des années 70, pour que les barrières tombent et les artistes jouent gratuitement, est-elle encore possible? Réponse de Benoît Sabatier:

Non. Il existe encore des petits festivals gratuits, qui fonctionnent grâce à des subventions, mais autrement tout le monde a accepté le fait que si on veut voir un artiste il faut passer à la caisse. C’est quand même normal : maintenant que l’on a trouvé comment pirater les disques, le live reste un dernier rempart pour qu’ artistes et industries puissent vivre de leur boulot.


> Benoît Sabatier a signé une édition poche et actualisée de “Nous sommes jeunes, nous sommes fiers“.  “Culture jeune – l’épopée du rock” paraîtra le premier juin aux éditions Fayard/Pluriel.

> Illustrations: Image de clé FlickR CC hddod, affiche du festival de Woodstock dbking

Vous pouvez retrouver nos articles sur le dossier festivals : Jeunes artistes : laissez-les chanter et Festivals cherchent finances

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Festivals cherchent finances http://owni.fr/2011/04/29/festivals-cherchent-finances/ http://owni.fr/2011/04/29/festivals-cherchent-finances/#comments Fri, 29 Apr 2011 13:34:21 +0000 Hélène David http://owni.fr/?p=59198 Avril. Le début des beaux jours et avec eux, le début de la saison des festivals. Des instants hors du temps pendant lesquels, loin de Fukushima et des débats électoraux, on ne se préoccupe que de trois choses : la température de la bière, la capacité d’une tente à effectivement « s’installer en deux minutes », et surtout, la musique, les concerts, les artistes auxquels on décide consciemment de confier nos futures acouphènes. Des réunions bon enfant dont feu les White Stripes constituent la bande son, et qui nous feraient presque oublier qu’il s’agit aussi d’une histoire de gros sous.

Ces festivals s’appuient sur des budgets colossaux :

Désengagement public

Leur financement repose sur la billetterie, les subventions publiques, les partenariats privés, et dans une moindre mesure, le mécénat.

Et si les organisateurs refusent pour la plupart de communiquer le détail de ces chiffres, arguant pour les uns qu’il s’agit de “données confidentielles“, pour les autres, comme Solidays, que l’on “peut faire dire ce que l’on veut à des chiffres“, la tendance majoritaire est claire. Les subventions publiques diminuent.

En cause, la décentralisation et la suppression de la taxe professionnelle. Cette année, la subvention accordée par le Pays de Montbéliard agglomération aux Eurockéennes a été divisée par deux, passant de 100.000 euros en 2010 à 50.000 en 2011. Emmanuel Oudot, directeur de la culture et du patrimoine de la communauté d’agglomération, s’en explique:

Nous sommes obligés de faire des choix drastiques. Je ne connais pas beaucoup de collectivités territoriales qui ne sont pas confrontées à ce problème.

Pour le festival Europavox, qui se tient chaque été en Auvergne, le département s’est retiré il y a deux ans. Les subventions de la commune ont diminué de 40% cette année. Et d’autres baisses ont déjà été actées pour l’année prochaine.

Même constat du côté du Printemps de Bourges. En deux ans, l’aide du Cher est passée de 200.000 euros à 150.000 euros. “Le Cher fait partie des départements qui ont eu des grosses difficultés”, explique Michel Bourumeau, directeur de la culture du Conseil général.

En 2011, le financement du festival berruyer reposait tout de même à près de 37% sur les institutions publiques, et en grande partie sur la commune de Bourges et le ministère de la Culture, qui comme le rapporte Le Monde, a pris en charge les subventions allouées au Printemps de Bourges :

Alors que Les Francofolies de La Rochelle, par exemple, ont la direction régionale des affaires étrangères (DRAC) de Poitou-Charentes pour interlocuteur, le Printemps de Bourges s’adresse en direct aux services de Frédéric Mitterrand. Un cas unique pour les musiques populaires. Pour 2011, le ministère de la Culture a alloué 340.000 euros au festival et 230.000 euros pour le réseau Printemps qui débusque les nouveaux talents.

Les financements publics du Printemps de Bourges se décomposent comme le montre ce diagramme (qui ne tient pas compte des soutiens en nature tels que la sécurité, l’éclairage, les transports (etc.) de la commune de Bourges et de la communauté d’agglomération) :

Dans le meilleur des cas, les subventions restent stables d’une année sur l’autre. C’est le cas cette année pour Rock en Seine. L’un des organisateurs explique que le soutien institutionnel au festival représente 18% du budget total de 5,2 millions d’euros, et se décompose comme suit :

Le financement public de Rock en Seine repose en grande partie sur la région Ile de France, partenaire historique et principal du festival.

Quelles solutions?

Pour pallier la diminution des subventions, la marge de manœuvre des organisateurs est limitée. La billetterie ne constitue un levier qu’en dernier ressort. Augmenter le prix des places de manière substantielle peut être un calcul fatal à la fréquentation des festivals entre lesquels la concurrence est rude. Reste les partenariats privés ou les subventions indépendantes des collectivités territoriales.

La SACEM, notamment, alloue des subventions. En 2011, le budget dédié au soutien des festivals a augmenté de 10% par rapport à l’année dernière, et s’élève à 3,7 millions d’euros. Olivier Bernard, directeur de l’action culturelle explique :

Les festivals font de plus en plus appel à nous pour pallier la diminution de l’engagement des collectivités territoriales, ou dans le meilleur des cas leur stagnation.

Une tendance qui ne va pas sans poser question, puisque “les sociétés d’auteurs n’ont pas vocation à pallier les carences des finances publiques“, explique Olivier Bernard.

Le Printemps de Bourges, aidé à auteur de 75.000 euros par la SACEM a surtout eu recours au secteur privé, et en particulier au Crédit Mutuel. Daniel Colling, directeur du festival, s’en est expliqué :

La région Centre et le département du Cher ont diminué leurs subventions. Pour compenser cette diminution, notre festival a fait le choix d’élargir son partenariat privé.

Chimérique indépendance

Un partenariat important, qui a permis à la banque de s’immiscer dans le logo du festival. L’événement s’appelle désormais “Printemps de Bourges Crédit Mutuel”. Et si à la mairie de Bourges, on assure que “la nouvelle appellation passe complètement inaperçue”, la question de l’indépendance artistique du festival s’impose.

D’autant plus qu’il y a eu des précédents, avec les collectivités territoriales cette fois. En 2009, le Conseil régional de Centre avait conditionné sa subvention de 350.000 euros au retrait de la programmation du rappeur Orelsan. (Voir la vidéo de son titre “Sale Pute”, âmes sensibles s’abstenir.)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le Conseil régional avait appelé le festival à “prendre ses responsabilités“. Et face à l’entêtement des organisateurs à ne pas faire acte de censure, la région avait finalement décidé de rester partenaire du festival, tout en mettant en place des “modalités pour ne pas participer au financement de ce concert“.

En l’occurrence, Daniel Colling assure que le partenariat conclu avec le Crédit Mutuel est né d’une relation de confiance, et justement destiné à préserver la qualité du festival, à éviter une augmentation du prix des billets, et à mettre à l’abri le Printemps de Bourges pour les trois années à venir.

Certains partenaires privés pourtant, peuvent être tentés d’intervenir dans la programmation. Mathieu Ducos revendique une indépendance artistique totale même s’il a déjà constaté des tentatives de certains de prendre part à la programmation :

Il y a une frontière très nette entre l’implication des partenaires et la ligne artistique du festival. Certains partenaires qui prennent part à des plateformes de découverte sont tentés de mettre sur scène des artistes qui y jouent. Mais on a toujours lutté contre ça.

Et l’ingérence des partenaires peut aussi se jouer sur d’autres terrains que la programmation. L’an dernier aux Francofolies de la Rochelle, dans le cadre d’une opération de communication, la marque Repetto a offert une paire de chaussures à chacun des artistes, en les “invitant” à les porter sur scène. L’objectif: acquérir un maximum de visibilité.

Loin des chaussures de danseuses, le Hellfest Open Air, festival dédié au métal, estime pour sa part jouir d’une totale indépendance. Sur un budget total de 5 millions d’euros, les subventions publiques ne s’élèvent qu’à 40.000 euros (20.000 euros de la région, 20.000 euros du département), soit 0,8% du budget total. Jeff Manet, l’un des organisateurs du festival ne serait pas contre une aide plus importante mais explique :

Le fait que ce soit un festival de métal, pour les subventions, ca aide pas vraiment.

Rares sont en effet les entreprises qui souhaitent s’associer à l’événement prétendument sulfureux, contre lequel “des catholiques intégristes s’opposent tous les ans“. C’est donc la billetterie qui finance -à 90 % estiment les organisateurs- ce festival unique en son genre en France, grâce à un public captif. Les inconditionnels de métal sont prêts à payer un peu plus cher pour aller écouter Ozzy Osbourne ou Judas Priest. 129 euros en 2010 pour les trois jours, 10 euros de plus cette année.

Mais qu’il s’agisse d’une programmation très spécialisée comme celle du Hellfest, de variété ou de pop, ce sont bien les festivaliers qui exercent la plus grande pression sur les festivals. L’impératif absolu des programmateurs reste toujours d’attirer un maximum de spectateurs et de répondre à leurs attentes, en trouvant un juste milieu entre têtes d’affiche et découvertes. En cela, la question de l’indépendance est forcément illusoire.

>Illustration Flickr par RambergMediaImages

Vous pouvez retrouver nos articles sur le dossier festivals : Jeunes artistes : laissez-les chanter et C’était mieux avant ?

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Découvrez “Hero” par NAMELESS http://owni.fr/2011/04/05/decouvr-ez-hero-par-nameless/ http://owni.fr/2011/04/05/decouvr-ez-hero-par-nameless/#comments Tue, 05 Apr 2011 14:43:24 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=31452 Si nous avons l’habitude de vous proposer des artistes à l’orée de leur carrière, nous avons cette semaine choisi de présenter un groupe au parcours déjà conséquent. Il n’en est pas moins une révélation. NAMELESS, dont les quatre membres se sont rencontrés au lycée, s’est formé en 2003 à Paris “au fur et à mesure de soirées, jam sessions, au milieu des disques de [leurs] parents“.

Les débuts sont rapides, puisqu’un titre du groupe est choisi comme générique de l’émission 60 jours 60 nuits sur Canal+, ce qui ne manquera pas de les faire remarquer. Les années suivantes seront consacrées à tourner, avec plus de 300 concerts entre 2004 et 2009, parmi lesquels des premières parties pour The Fratellis, Jean-Louis Aubert, Mademoiselle K et même Chuck Berry, légende avec laquelle le groupe a chanté en 2009 à Monaco.

Cette année-là, la formation a proposé son premier album Genetically Modified, “le fruit mais également un concentré de nos compositions sur six années. Nous avons donc été fiers de ses retombées”. En effet le disque est playlisté sur de nombreuses radios nationales et permet au groupe d’entériner sur CD cinq belles années de travail”.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Aujourd’hui la musique ne s’écoute plus, elle se vit

Bien vite NAMELESS se remet au travail : “fin 2010 nous nous sommes lancés dans la composition d’un nouvel album, reflet de la maturité que nous avons acquis avec les années. Nous ne savons pas encore exactement sous quelle forme sortira cet opus, mais 4 titres sont déjà écoutables sur notre myspace, et d’autres sont en cours d’écriture et d’enregistrement“.

Ce nouvel opus est plus mature et marque l’évolution du groupe, à la fois musicale et technologique. Nous avons en effet totalement changé notre manière de travailler et de composer en étant plus posés, plus réfléchis, et en utilisant du matériel différent (synthés, analogique…).
De plus, nous avons quitté notre ancien label. Nous avons donc eu une liberté totale sur ce projet. Nous nous sommes entourés d’une nouvelle équipe avec laquelle nous avons également travaillé l’identité visuelle du groupe. Ce nouvel opus marque donc à la fois une rupture et une continuité pour nous.

C’est donc un quatuor enthousiaste  qui évolue aujourd’hui entre rock mélodique et pop aérienne. Un quatuor qui a fait son chemin en même temps que l’industrie dans laquelle il évolué, et qui a bien changé depuis 2003 :

La crise du disque a eu deux effets contradictoires : il n’a jamais été aussi simple d’écouter de la musique, de découvrir des artistes etc. et en même temps, il n’a jamais été aussi difficile d’en vivre.
Malgré ce constat, nous restons très optimistes car tout est à réinventer.

NAMELESS, ce n’est pas que des titres, c’est un tout

NAMELESS ne sont pas vraiment de ceux à qui le virage technologique a fait peur, bien au contraire. Interagir avec sa fanbase, lui proposer d’embarquer dans son aventure via les réseaux sociaux, c’est un parti qu’a rapidement pris le groupe. Internet, c’est d’abord “une sorte de jauge de l’état d’un artiste, mais aussi un moyen de se faire connaitre sous réserve d’arriver à se faire remarquer dans cette jungle“. C’est pour cela que soigner sa présence en ligne a son importance, “sur Facebook essentiellement, nous voulons créer un véritable espace d’échange, construire une vraie relation avec les gens qui nous suivent et nous soutiennent“.

La suite, pour ce groupe débordant de volonté d’avancer, c’est à la fois en images et sur scène. Il proposera en effet dans les semaines à venir le clip du morceau Angelina, et sera en concert à Paris pour une série de dates en acoustique. Un moment à ne pas manquer, et une actualité à suivre de près.


Angelina
by namelesstheband

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Myspace : myspace.com/groupenameless – Facebook : facebook.com/namelesstheband

Crédits photos : Photos (c) Ana Lorenzana / Artwork : (c) Clémentine Berry & Thomas Weil

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SXSW: un petit air de country http://owni.fr/2011/03/15/sxsw-un-petit-air-de-country/ http://owni.fr/2011/03/15/sxsw-un-petit-air-de-country/#comments Tue, 15 Mar 2011 07:56:15 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=51171 Cette semaine se tient le grand rassemblement international SXSW (South by SouthWest). Entre musique, cinéma et nouvelles technologies, l’évènement a su conquérir les acteurs et amoureux de ces univers. Son site internet ainsi que de nombreux articles sont déjà revenus sur ses 25 premières années d’existence. Fort de cette longévité, SXSW est désormais un événement incontournable. Lors de sa première édition en 1987 alors consacrée à la musique, ses instigateurs accueillirent 700 participants au lieu des cent initialement prévus, démontrant dès lors son intérêt.

Afin de célébrer à notre manière les vingt-cinq ans d’un des plus grands festivals au monde, nous avons décidé de revenir sur le contexte culturel dans lequel il a vu le jour.

Ce texte est largement inspiré d’un livre : Mainstream de Frederic Martel, dans lequel l’auteur fait le tour du monde pour essayer de comprendre ce qui devient mainstream et pourquoi. Au cours de son chapitre consacré à “l’invention de la pop music”, Fréderic Martel fait alors un passage à Nashville : centre stratégique incontournable pour l’industrie de la musique aux Etats-Unis, avec New York et Los Angeles.

Si Nashville est incontournable pour les Américains (le marché de la country est estimé à 10% des ventes de disques et de numérique aux Etat-Unis), elle reste plus ou moins inconnue par le reste de la planète. La musique historiquement légendaire qui est produite dans la région centrale Sud des Etats-Unis, s’exporte mal et reste le fruit d’une tradition locale. Définie par certains comme la poésie des Etats-Unis, il semblerait que la nature populaire et traditionnelle de ces musiques peine à se faire adopter par le monde comme le R’N’B, le rock ou la pop l’ont été.

Nashville, un centre névralgique pour l’industrie musicale aux Etats-Unis

Depuis les années 1960, Nashville représente le deuxième point stratégique et incontournable pour l’industrie de la musique après New York. De grands labels y ont installé des bureaux même si les tâches administratives et juridiques sont traitées aux sièges situés à Los Angeles et New York.

Nashville est considéré comme le berceau de la musique country. Situé entre le Kansas, l’Arkansa et le Mississippi, le “delta” est une zone inondable qui facilite la culture de coton. Les esclaves et les immigrés anglo-irlandais s’y installent et une culture originale naît de cette nouvelle mixité. Le blues (Musique noire) et la country (Musique blanche) se fréquentent et se chamaillent. Ces musiques, défendues par des musiciens de cultures différentes, ne cessent de se croiser.

L’âge de l’enregistreur et de la radiodiffusion métamorphose la vie des musiciens à la fin du XIXème siècle. La Country Music va alors connaître un extraordinaire rayonnement. L’industrie du disque recherche de nouveaux genres musicaux dans le sud, où il existe déjà un foisonnement musical. Il fallait un berceau à la Country Music, ce sera Nashville, surnommée plus tard la “Music City“.

Cette ville devient alors un véritable point de ralliement pour tous les musiciens américains proches de cette culture. Elvis Presley y a enregistré de la musique en studio. Johnny Cash, le célèbre chanteur en noir, emblème de la musique country, originaire de Kingsland, Arkansas meurt le 12 septembre 2003 à Nashville, Tennessee. Bob Dylan y enregistre plusieurs albums, accompagné par des musiciens locaux, dont le mythique Blonde On Blonde ou encore Nashville Skyline.

A l’intérieur de Nashville, un quartier va devenir le centre de toutes les préoccupations. Music Row est situé entre la 16ème et la 17ème avenue. Ce quartier est baptisé le Music Square East et c’est “l’adresse où il faut aller à Nashville pour trouver les sièges des majors, les studios d’enregistrement et les bureaux des télévisions musicales.” (Mainstream)

Né au début du XXe siècle, la country est d’abord la musique du monde rural blanc des États-Unis. Ce courant va subir diverses influences, parmi lesquelles le blues, et donner lieux à différents styles : le country-blues, le bluegrass, le country-western ou encore le country-rock.

Blues vs. Country

Le blues, c’est la musique des classes populaires noires, comme la country est la musique des classes populaires blanches. (Shelley Ritter – directrice du Delta Blues Museum, pour Mainstream)

Clacksdale est une petite ville du Nord-Ouest du Mississippi. Cette ville a été très importante pour le blues et de nombreux musiciens tels Sam Cooke, Junior Parker, Bukka White, Son House, John Lee Hooker, Jackie Brenston, Ike Turner, Eddie BoydWillie Brown et Johnny B. Moore y sont nés. Mais l’histoire de la musique blues y a plus ou moins été effacée à l’exception du petit musée touristique, le Delta Blues Museum. A l’époque, le blues n’est pas vraiment considéré, sûrement à cause du racisme ambiant propre à cette période. Il n’en reste pas moins une influence importante pour les musique interprétées par les blancs.

Blues et Country Music, naissent, grandissent et prospèrent sur le même terreau : le spleen et l’engagement. Au fil des ans, ces deux sœurs ne cesseront d’échanger leurs bons procédés et leurs meilleurs champions : Ray Charles le “countryse” d’un coté, et Willie Nelson le “jazze” de l’autre.

Quand le blues se joue dans des “juke joints”, la country, elle, se joue dans des “Honky tonks”. Toutes deux sont des musiques faites par et pour les classes populaires. La country-music a débuté comme une musique partagée par des musiciens noirs et blancs. Ces deux genres constituaient des musiques partageant des valeurs sociales semblables, parmi lesquelles le courage et la solidarité.

Malgré une structure harmonique bien définie, le blues est une chronique autobiographique et poétique, plus focalisé sur les paroles que la musique. Elle décrit la complaintes des esclaves, exploités par les émigrés/colons européens, toujours entre humour et mélancolie.

La country, elle, prend ses origines dans les Apalaches. Débarqués aux Etats-Unis en 1734, les premiers émigrants irlandais, anglais, gallois, écossais et espagnols on pour but de conquérir le nouveau monde et refaire leur vie. Le violon irlandais, le dulcimer allemand, la mandoline italienne, la guitare espagnole et le banjo africain sont les instruments les plus communs. Les interactions entre les musiciens issus de groupes ethniques différents feront naître ce genre unique qu’est la country.

La country est au centre de toute une économie. Embrassé par l’industrie de la musique, ce genre musical sera copié, modifié et verra même naître un grand nombre de dérivés nommés par les gourous du marketing. Du blues country en passant par le Hill Billy, le psychobilly, le rockabilly, la soul country ou encore le bluegrass, la country s’inspire et inspire, mais reste le représentant d’une culture locale et rurale qui pour la plupart d’entre nous reste une musique de “cowboy”.

Le blues et la country sont donc toutes deux décrites comme étant la poésie des Etats-Unis. L’une bénéficiant des stratégies de l’industrie musicale, l’autre restant une source d’inspiration importante pour la première. Pour Brenn Beck, pillier du groupe Left Lane Cruiser (que vous pouvez écouter sur OWNImusic), quand on lui demande quelle est selon lui la différence entre ces deux genres, il nous répond qu’ils ont toujours évolué côte à côte. Le whisky et les travaux physiques éprouvés par les deux communautés ont toujours inspiré ces genres. Par conséquent, la seule chose qui différencie l’un de l’autre est la couleur de peau de ses instigateurs.

Une autre chose qui contribue à relier ces deux style est la source très rurale de ces musiques. A contrario, le jazz est intrinsèquement une musique plus urbaine. C’est ainsi que la soul et le R’N’B produits dans le Tennessee dans les années 1950 ont vu leurs labels s’installer à New York et Los Angeles dès les années 1970.

La country est une musique très enracinée dans la vie locale. On l’écoute à la radio, mais on la joue aussi dans les “honky tonks”, les petits bars traditionnels blancs, un peu comme on fait le blues dans les “juke joints”, les petits bars du Sud Américain rural et noir. C’est pour ça qu’elle s’exporte mal, elle est trop locale [...] On ne vend pas de country à Londres, par exemple, c’est trop urbain. (Luke Lewis, PDG d’Universal music à Nashville pour Mainstream)

Gospel vs. Christian music

Fortement imprégnée par des musiques populaires, cette région du sud des Etats-Unis voit pourtant émerger deux styles musicaux très différents : le Gospel et la Christian Music (Gospel pour les blanc, souvent surnommé le “Southern Gospel”).

Au fond, nous faisons partie de la musique gospel. On pense souvent que le gospel est une musique noire, mais c’est d’abord une musique chrétienne. Et nous, nous faisons de la musique chrétienne qui est simplement blanche. (Dwayne Walker, Directeur du département artistique de Light Records, label spécialisé dans la musique Christian pour Mainstream)

Quand nous demandons à Benn Beck de nous expliquer la différence entre les deux genres, il nous répond que la différence majeure c’est que le gospel a une âme alors que la musique chrétienne émane d’une intention commerciale. La musique blanche est moins sujette à polémique que la musique noire et c’est en ce sens que l’industrie jette son dévolu sur le country et invente la christian music. Le Gospel reste à 99% noir quand la musique chrétienne reste à 99% blanche même si, à Nashville, la Gospel Music Association est le lobby officiel à la fois pour le gospel noir et la musique chrétienne.

A l’instar de la country, la “Christian music” se subdivise en de nombreux courants : Christian rock, southern gospel, jesus rock, god rock, gospel rock, christian rap et même rock “inspirationnel”. Nashville est connue pour être l’une des villes Américaines comptant le plus d’églises au kilomètre/carré. Au point même que l’on appelle cette région la “bible belt”, la région de la bible.

Encore une fois, la différence majeure entre le gospel et la musique chrétienne reste une histoire de couleur mais l’une et l’autre sont intrinséquement liées, l’une étant exploitée officiellement, et l’autre inspiratrice des musiques à destination commerciales.

En explorant tous les paramètres des musiques du sud des Etats-Unis, nous essayons toujours de comprendre pourquoi SXSW s’est installé à Austin plutôt qu’à Nashville et nous devons admettre que la raison de cette délocalisation reste assez mystérieuse à nos yeux même si quelques éléments pourraient expliquer ce phénomène.

Pourquoi SXSW est-il à Austin?

L’industrie de la musique ayant choisi comme centre Nashville, on se demande pourquoi Louis Black, Roland Swenson et Louis Meyers ont décidé de monter le fameux festival à Austin.

Un des éléments a priori des plus pertinents reste que Nashville est une ville de compositeurs, LA ville de la musique enregistrée, alors que SXSW est surtout un festival de “musique vivante”. Les mécanismes de l’industrie, à l’instar de ceux de la Motown, ont été adoptés à Nashville. Des éditeurs trouvent des compositeurs et des maisons de disques alors que des labels font interpréter les compositions et exploitent les versions enregistrées. Nashville a toujours fonctionné de cette manière et reste à priori une ville de compositeurs et de musiques enregistrées.

“L’éditeur est l’élément central de l’industrie à Nashville et les maisons de disque possèdent d’abord, et avant tout, le répertoire.” (Eddie de Garno, le PD-G d’EMI-Christian group Music Group pour Mainstream).

Quand nous posons la question à Frederic Martel, auteur de De la Culture en Amérique et Mainstream, il répond : “Nashville c’est vraiment la musique enregistrée chrétienne et country ; pas trop les concerts. Austin c’est beaucoup plus les concerts et aussi plus le rock et le blues, bref autre chose.”

Nous pensons cependant que la réunion de plusieurs paramètres indispensables au succès d’un tel festival contribuent à ce que cet évènement soit situé à Austin plus qu’à Nashville.

On the top of the list, Austin, en plus d’être la ville d’origine de nombreux musiciens tel Willie Nelson ou Janis Joplin, est aussi un berceau de la haute technologie. On surnomme même cette région la “Silicon Hill”. Parmis les plus gros employeurs d’Austin, on peut citer 3M, Apple, Hewlett-Packard, Google, AMD,Applied Materials, Cirrus Logic, Cisco Systems, eBay/PayPal, Hoover’s, Intel Corporation, National Instruments, Samsung Group, Silicon Laboratories, Sun Microsystems ou encore United Devices, ce qui, justifie largement la mise en place de SXSW interactive, au sein de ce même festival originellement destiné à la musique. Des milliers de diplômés en informatique ou en ingénierie sortent chaque année de l’université du Texas à Austin et constituent une source stable d’employés pour la ville. Perturbés par la sphère Internet dans les années 90, les fondateurs de SXSW avaient-ils déjà préssenti le rapprochement inévitable qui devait avoir lieu entre les nouvelles technologies et les industries culturelles ?

Les quelques 4000 universités des États-Unis forment les publics de demain, irriguent artistiquement des régions entières avec leurs 700 musées, 110 maisons d’édition et 3500 bibliothèques, dont 65 possèdent plus de 2,5 millions d’oeuvres chacune et 2300 Performing Arts Centers.

Ceci peut aussi expliquer cela. Austin, largement peuplée d’étudiants fait de cette capitale une ville propice au développement culturel et en particulier au développement du live et…explique une certaine passion pour le rock, plus contemporain, la musique du chaos où toutes les influences sont permises.

Autre élément, la ville a toujours été réputée pour ses clubs et bars squattés par les Généraux pendant la guerre civile dès le 19ème siècle. Aujourd’hui, gouvernement général des Etats-Unis, est l’un des plus gros employeurs d’Austin, connue pour être une ville cosmopolite et fêtarde où le mélange des genres est ainsi permis et le lourd passé de l’appartheid s’y trouve obsolète.

Austin, ville des Etats-Unis, où le ministère de la culture est nulle part mais la vie culturelle partout, montre encore une fois ce que l’industrie peut apporter à la culture. Alors que le secteur musical en France fait sans cesse appel au gouvernement pour régler ses tracas internes. Un système où la loi du commerce régit les cultures, on n’en voudrait pour rien au monde. Pourtant, alors que le monde est en crise, SXSW bat son plein et le dynamisme des secteurs culturels et de l’innovation est certain. Things to think about.

Article initialement publié sur OWNImusic

Crédits photos CC flickr :City On Fire, bluestuff1966; Peat Bakke; pixajen; eric veland

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Birdy Hunt au Bus Palladium : un petit goût de Radiohead! http://owni.fr/2011/02/16/birdy-hunt-au-bus-palladium-un-petit-gout-de-radiohead/ http://owni.fr/2011/02/16/birdy-hunt-au-bus-palladium-un-petit-gout-de-radiohead/#comments Wed, 16 Feb 2011 15:37:02 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=30384 Si vous nous lisez depuis quelques mois, vous savez que nous suivons attentivement les jeunes rockers parisiens de Birdy Hunt, qui nous ont offert le titre Only Love ici même. Après un premier concert au Bus Palladium en octobre dernier, le sextet réinvestit la mythique salle parisienne en tête d’affiche le samedi 19 février prochain.

Pour l’occasion le groupe voit grand et propose à ses fans une opération originale dans le style de celle mise en place par les fans de Radiohead en août 2009, et dont nous vous parlions en septembre dernier. Samedi, les fans de Birdy Hunt seront invités à filmer sous quelque format que ce soit l’une des chansons du set, puis à envoyer leur(s) vidéo(s) qui seront ensuite montées pour former un clip collaboratif. Nul doute que Marc et sa bande pourront compter sur leur fan base de plus en plus solide, et largement réactive lors de la sortie de leur premier EP en téléchargement libre sur leur site, ainsi qu’en vinyle.

A l’occasion du concert du 19, nous vous proposons de gagner 5×1 place pour aller applaudir les Birdy et participer à cette opération qui promet un joli résultat. Pour jouer ? Suivez notre Twitter entre mercredi et samedi, toutes les instructions y seront.

Le groupe, en partenariat avec OWNImusic, vous proposera également de gagner un verre en sa compagnie après le concert, ainsi qu’un vinyle dédicacé. Pour jouer ? Il vous suffira de prendre l’une des cartes distribuées à l’entrée de la salle, et d’espérer qu’elle soit tirée au sort par Birdy Hunt au cours du concert. Vous pourrez également accéder à un site spécialement crée par OWNImusic pour l’occasion, grâce au QR code imprimé sur la carte.

A samedi donc pour une bonne dose de rock’n'roll !

Et pour écouter Birdy Hunt, c’est par ici ! http://onlylove.viinyl.com/

BIRDY HUNT – Pictures of the None by birdyhunt

www.birdyhunt.fr ?twitter.com/BirdyHunt ?facebook.com/birdyhuntofficial

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[EXCLU] Rain Comptine by Colt Silvers http://owni.fr/2011/02/07/exclu-rain-comptine-by-colt-silvers/ http://owni.fr/2011/02/07/exclu-rain-comptine-by-colt-silvers/#comments Mon, 07 Feb 2011 17:33:14 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=30154 Un groupe = Un concept

On ne le dit jamais assez et les artistes acceptent en général mal le fait d’être classés et définis par un seul des multiples traits qui les caractérisent. Le fait de trouver un concept clair et facilement identifiable peut s’avérer très frustrant car loin de révéler la complexité et la panoplie des valeurs ajoutées qu’un corps artistique comporte pourtant, c’est un élément fondamental d’un point de vue marketing et permet aussi de ne pas se disperser dans le travail, en particulier pour un groupe en développement. Le groupe que nous avons rencontré pour vous cette semaine a non seulement su relever le défi de cette contrainte artistique mais s’efforce aussi de la traduire par une stratégie de communication. Un groupe qu’on pourrait donc qualifié de “moderne” qui trouve son équilibre avec un fonctionnement “semi DIY”.

Les membres de Colt Silvers (se prononce SilverS) se sont rencontrés en 2008. Ils partagent une passion commune, le cinéma et ses membres sont tous issus de culture rock. Nous avons rencontré Nicolas (bassiste) et Tristan (chanteur et guitariste) et ils semblent s’accorder sur le fait que ces deux éléments sont fondateurs et qu’ils dirigent le groupe.

Le but en créant Colt Silvers c’était d’utiliser notre expérience rock. Nous avons une passion commune qui se trouve être le cinéma. Films d’horreur, science fiction, amour pour le cinema d’où CS pour la consonance.

Pour ceux qui l’ignorent, Colt Silvers fait référence à plusieurs choses, la première étant bien évidemment “L’homme qui tombe à pic“. Colt a plusieurs significations: flingue, poney, poulain. Colt Silvers c’était donc pour Poulains d’argent !

Nos Poulains d’argent Strasbourgeois sont donc un concept et traduisent cet état d’esprit également dans leur stratégie de diffusion et de communication puisqu’aujourd’hui, il nous font l’honneur de diffuser le premier titre d’une série de 7 qui constituent leur tout nouvel EP “Acoustronics”.

Chaque semaine, à partir d’aujourd’hui, à l’instar des séries, un titre sera diffusé sur la toile. Le principe est que chaque titre est inspiré d’un thème de film et comprend le chant des titres du premier album. Cette stratégie conçue pour engager les fans les intègrera donc dans le jeu en leur faisant retrouver les thèmes de cinéma utilisés dans les compos.  L’hommage au cinéma est plus appuyé que dans leur précèdent projet et la couleur des compositions est aussi légèrement différente. Les acoustiques fonctionnant  bien, ils ont tenté de donner une couleur plus organique à leurs productions.

L’équipe est familière des réseaux sociaux et ils ont toujours su optimiser les retours de leurs fans et faire évoluer leur concept. On remarque que tous les changements effectués entre le projet numéro un et deux sont dus à ces échanges, qui ont participé à faire mûrir le projet.

Le groupe issu de la génération net a surement intégré les constantes de cette nouvelle époque bien avant que l’industrie ne se rende compte de la gravité de la situation et toutes les questions que nous leur posons à propos des nouveaux usages et schémas liés à l’avènement d’internet leur semblent dépassées et pour eux, ces problématiques ont été intégrées bien avant la constitution des Colt Silvers.

Semi DIY

On a commencé par écrire des morceaux inspirés de BO, et c’est là qu’on rencontre Julien, le boss de notre label. Il jouait dans Plus Guest, un autre groupe du label et nous dit qu’il veut monter son label, et nous demande si nous aimerions y contribuer. On a sorti deux titres pour lui, à la base une petite démo. Le projet lui ayant beaucoup plu, on enregistre un album /concept sur la thématique du cinéma.

Aujourd’hui, un artiste ne peut plus se contenter de ne faire que sa musique. Ça aussi c’est une évidence qui a pourtant bien du mal à être intégrée. Les Colts Silvers, bien que soutenus par un label, gèrent pour la plupart leur communication et participent activement à l’activité du label.

Adeptes de Bandcamp, mais aussi de Twitter qu’ils décrivent comme une sorte d’agenda qu’ils tiennent, “c’est un peu le vis ma vie des Colt Silvers“.

Myspace, mis à part pour faire écouter notre musique, on ne l’utilise plus du tout.”

Facebook reste encore un peu plus répandu que Twitter. Les gens peuvent commenter directement sur une photos, l’échange est plus évident et facile à suivre. On essaye de jouer le jeu. On a souvent des photos improbables, on essaie d’en poster une par semaine et faire deviner aux gens ce qu’il se passait. On essaie aussi de faire basculer les gens sur Twitter mais ce ne sont pas les mêmes personnes qui utilisent l’un et l’autre.

On a pris conscience que ça faisait partie du boulot de musicien. C’est indissociable, on ne peut pas se contenter d’être musicien aujourd’hui. (Nicolas)

On utilise les réseaux sociaux depuis le début. On ne tient pas de blog mais on sait faire et on est très actifs sur la toile. De toute manière, à partir du moment ou tu as un groupe de musique, ce sont des choses qu’il faut savoir faire. (Tristan)

Afin de pouvoir participer pleinement à leur communication et effectuer le travail de community management, le groupe possède un poste au siège du label. Une solidarité s’est installée au sein de celui-ci, qui gère quatre groupes. Un label collaboratif (avec un patron) où chacun se rend service. On met un profil à jour, on le fait pour tous. Chaque groupe représenté participe donc activement à sa promotion, celle de ses colocataires et du label.

Si cette génération de musiciens geeks n’a pas besoin de se forcer pour mettre à jour ses divers comptes internet, ils font tout de même confiance à Julien pour ce qui concerne le business et la négociation.
La double casquette n’est pas aussi apparente pour nous que pour Julien mais on met la main à la patte et ça nous parait assez naturel”.

Le business on ne gère pas assez de paramètres pour pouvoir s’en occuper. C’est Julien qui s’occupe de ça. On s’y intéresse dès que ça touche le groupe mais on a tendance à être vite dépassés.

Questions-réponses

Avez-vous déjà eu des touches à l’étranger ?

“Oui, les premier à nous avoir contactés à la sortie de notre premier album “Night Of The Living Robots” était NMEradio à Londres. On aimerait bien s’exporter un peu plus. On a déjà commencé avec quelques dates en Allemagne. On aime la France mais on voit des fois qu’il y a de meilleurs retours de l’étranger donc à ne pas négliger.”

C’est quoi pour vous la French Touch?

“La French Touch pour nous c’est Daft Punk, Phoenix donc électro et maintenant pop. Je pense notamment à Tahïti 80. Ceux qui ont inventé l’expression avaient surement plus de recul que nous.”

Et le téléchargement illégal, pour vous, ça veut dire quoi ?

“Petite anecdote, on a été très surpris de retrouver notre album sur un site de file-sharing. Comme tout le monde ! Et on était finalement assez contents.”

L’artiste de demain, il devra faire quoi ?

“Essayer d’être le plus visible possible. Il n’y a plus beaucoup de gens qui ont la chance d’avoir quelqu’un qui travaille pour eux. C’est donc indispensable de pouvoir maitriser un maximum de paramètres”.

Retrouvez Le Colt Silvers sur: myspace, twitter, facebook

Crédits photo: tous droits réservés Julien Hermann, Agnan Banholzer

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The wholling stoppelizzy by Randy Mandys http://owni.fr/2011/01/31/the-wholling-stoppelizzy-by-randy-mandys/ http://owni.fr/2011/01/31/the-wholling-stoppelizzy-by-randy-mandys/#comments Mon, 31 Jan 2011 16:16:20 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=29988 Les Randy Mandys sont actifs depuis 2004 déjà. A l’origine de ce groupe rock explosif, pertinent, racé, intransigeant aux pépites new wave et pop, The Extra Soul Things. Le trio devenu quatuor est en phase de sortir son 3ème album, The Way We Are dont un premier volume est déjà disponible. La maturité qu’a pris l’ensemble se perçoit par une structure cadrée, dynamique, musicale et une attitude indépendante dans leur gestion de carrière.  C’est évidemment une formation à voir sur scène. Avec plus d’une centaine de concerts à leur actif, ils ont partagé les planches avec une multitude d’artistes tels Shannon Wright (US), Hollywood Pornstars (Belgique), the Dirtbombs (US), Queen Adreena, (GB), The Jim Jones Revue (GB), Kill The Young (GB), The Infadels (GB), Washington Dead, Cats, Gomm, Hushpuppies, the Film, Olivia Ruiz, Eiffel, Plasticines, Kid Bombardos, Fancy…

Pourriez-vous nous décrire en quelques lignes la formation du groupe et l’évolution des Randy Mandys.

Le groupe s’est formé en 2004, surgi des cendres de formations passées de chacun des membres avec une première envie, travailler vite, d’où un premier album 6 mois plus tard (The Extra Soul Thing).

Le 4ème membre du groupe s’est joint à la formation initiale en 2006. Amener un nouveau membre implique forcément une évolution artistique. Depuis, chaque disque (The Teenage Fruit en 2007 et The Way We Are en 2011) donne l’occasion de vérifier que Randy Mandys est un groupe aux facettes multiples, dans le fond et la forme déjà, puis dans la recherche de supports de communication et diffusion.

Est-ce que vous pourriez nous parler de ce nouvel album et de vos objectifs le concernant ?

The Way We Are est une expérience complètement folle pour nous. Le travail d’écriture a débuté il y a deux ans, l’enregistrement s’est déroulé l’an dernier. Cette période de deux ans entre les premières réflexions et le produit fini semble être une constante chez nous, au moins depuis l’album précédent.
Des sessions d’écriture, nous avions dégagé assez de matière pour remplir 3 disques ! Le travail suivant a donc consisté à se concentrer sur la douzaine de morceau qui pourraient donner une cohérence d’album et fonctionner comme un ensemble. Puis les roder sur scène avant le studio.
L’idée de sortir le disque en deux volumes provient, d’une part, d’une contrainte technique (trop long pour un seul vinyle) et, d’autre part, d’une envie artistique : le tout était très copieux, on l’a cassé en deux lots ! Puis la carte de téléchargement fournie avec pour finir de soigner la forme de l’album.
L’objectif est très simple : éviter de se retrouver avec des cartons de vinyles à la maison. Donc vendre et donc faire des concerts.

Quel est votre stratégie de communication, comment comptez-vous utiliser internet ? Que pensez-vous de la relation qu’introduit les réseaux sociaux avec les fans?

Avec internet, plus que jamais, la musique se regarde autant qu’elle s’écoute. L’utilisation d’internet dans la stratégie du groupe implique d’intégrer la vidéo dans notre réflexion.

D’ailleurs, c’est surtout par les clips que nous avons réalisés (plusieurs travaux avec Henri Jean Debon, dont un déjà visible, d’autres clips réalisés par nos propres moyens ou avec une association de production audio-visuelle locale) que la musique du groupe circule au sein des réseaux sociaux.
Ces réseaux sociaux, justement… rien de mieux pour maintenir un rapport privilégié avec les fans au jour le jour. Et ce sont eux, aussi, qui contribuent à diffuser notre travail par un bouche-à-oreille favorable, des partages de liens, des échanges d’informations…

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Vous êtes ce que l’ont pourrait appeler des artistes DYI. Qu’est ce que cela veut dire vous concernant?

Nous faisons tout tout seuls. Le groupe est un véritable laboratoire musical, et le fait de l’investir en tant qu’amateur (nous travaillons tous à côté) est le meilleur garant de notre liberté artistique.

L’aspect laboratoire ne concerne pas que la musique mais aussi tous les supports par lesquels nous la diffusons : l’élaboration de l’objet-support (vinyle + carte de téléchargement + lunettes 3D), l’envie de creuser les possibilités vidéo, les questionnements liés aux diverses formes de diffusion… là encore, nous sommes complètement maîtres d’explorer ou investir des supports qu’un label pourrait juger anti-commerciaux.
Les personnes qui ont travaillé avec nous sur ce disque sont aussi des personnes avec qui on souhaitait travailler, des proches qui voulaient s’investir à nos côtés, d’où la 3D et les peintures sur la pochette… c’est là encore un des privilèges du DIY.

Comment avez-vous rencontré Henri Jean DEBON? Comment avez-vous vécu l’expérience à ses côtés?

Henri Jean est venu vers nous pour nous dire tout le bien qu’il pensait de notre musique et nous a invités à aller voir son travail. Il ne nous a pas fallu bien longtemps pour nous dire qu’on ferait un clip avec lui. La qualité des échanges qui ont suivi nous a très vite orienté sur non pas un, mais deux clips, les deux ayant été réalisés coup sur coup le mois dernier.
Randy Mandys s’est donc réinventé en structure de production cinéma pendant un mois et demi et nous l’avons tous vécu comme une expérience extraordinaire, une bouffée d’air frais et une nouvelle corde à notre arc. Très vite, quand on commence à travailler sur de la vidéo, on se rend compte que tout prend des proportions énormes. Le tournage de ces deux clips à sollicité la participation de 80 personnes, figurants, techniciens, cuisiniers…
Donc, expérience gratifiante à plusieurs titres : artistique, bien sûr, et aussi (ou surtout) humaine. De part et d’autre, il y a l’envie de continuer à travailler ensemble.

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Retrouvez les Randy Mandys sur leur: site; facebook; myspace

Crédits photos tous droits réservés: Randy Mandys; Nadia Lubak; Hervé Audrain

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Découvrez “This Time” par Jdiggz http://owni.fr/2011/01/25/decouvrez-this-time-par-jdiggz/ http://owni.fr/2011/01/25/decouvrez-this-time-par-jdiggz/#comments Tue, 25 Jan 2011 12:16:16 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=29864 Jdiggz appartient à cette génération Canadienne qui fait du bruit. Big Sean, Kid Cudi et Drake font partie de vos références, ne manquez pas cet énergumène dont le nom est déjà bien connu de ces supertars. Depuis l’âge de 7 ans, Jdiggz fait sa musique et même si sa décision d’être mis en avant ne date pas d’il y a longtemps, sont nom est déjà bien connu dans le milieu de la production.

Il a fondé Starbwoyz Music, un collectif de producteur qui produit pour des artistes tels Melanie Durrant et Nate Skeeze. Ils ont aussi participé à l’un des plus gros succès viraux connus à ce jour, la campagne pour Smirnoff Raw Tea.

Le très respecté producteur Rahmel a découvert Diggz avec la chanson “Hypnotic” et le présente au réalisateur LIL x (Nelly Furtado, John Mayer, Usher, Sean Paul, etc). Diggz est recruté pour soutenir The Game (artiste produit par Aftermath/G-Unit) pour sa tournée Canadienne.

Pourrais-tu nous expliquer en quelques mots ton parcours artistique ?

J’ai commencé à faire de la musique quand j’avais 7 ans, j’ai commencé à produire quand j’en avais 11. J’ai sorti mon premier album“Memoirs Of A Playboy” (au Canada) en 2007. J’ai sorti la mixtape Xperiment Tape durant l’été 2010. J’ai désormais un premier single extrait de la mixtape qui s’appelle “This Time”.

Te considères-tu comme une artiste Do It Yourself ? Qu’est ce que cela signifie dans ton cas ?

Je suis un artiste Do It Myself et je l’ai toujours été. Je n’ai jamais eu le choix! Ce que je veux dire par DIY, c’est que je ne dépends de personne pour faire ma musique. Je produis, écris, enregistre et mixe moi-même!

Utilises-tu les réseaux sociaux et si oui quelle utilisation en fais-tu ?

J’utilise internet pour tout! Aujourd’hui, tu as besoin d’internet et des réseaux sociaux pour tout ce qui est promo et marketing! Il n’y a plus lieu de faire du marketing sous d’autres formes aujourd’hui. Tout le monde est sur internet aujourd’hui, même ma mère!

Cela influe-t-il sur ta carrière ? De quelle manière ?

Internet a des conséquences sur la carrière de tous ! Aujourd’hui, tout le monde peut être un artiste, producteur et compositeur. Internet permet à monsieur tout le monde de devenir une star ce qui qui quelque part fait souffrir la musique!

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Internet influe-t-il sur tes productions?

Oui, ça me donne envie de ne pas être catégorisé comme étant “juste un autre musicien”… C’est pour ça que je travaille si dur pour ne pas rentrer dans le moule et faire de la musique que j’aime au lieu de ce qui est au goût du jour.

Aujourd’hui, d’où provient la majorité de tes revenus?

Mon travail de DJ est ma source majeure de revenus. Cela me permet d’observer ce qui fait bouger les gens dans les clubs et de rester à la hauteur pendant les moment off de ma carrière.

Qu’est ce qui t’as le plus aidé dans ta carrière?

Être Canadien! Le Canada est un pays multi-culturel qui te permet de rester ouvert à tout genre de musique. J’ai grandi en écoutant de tout. Dancehall, Reggae en passant par le rock alternatif. Cela m’a permis de grandir avec un esprit ouvert et de créer de la musique sans limitation.

Que penses-tu d’HADOPI en France?

C’est intéressant. Est-ce que ça marcherait aux États-Unis, je n’en suis pas certain. En tout les cas, quand quelque chose est mal utilisé, dans ce cas internet, il devrait y avoir une forme de régulation pour encadrer son utilisation.

Que penses-tu de la France d’un point de vue international?

Pendant des années, le Hip Hop français et l’électro ont été à la pointe de la scène musicale. Tellement de bonnes choses sont venues de France, ca paraîtrait tout à fait naturel que la suite soit aussi bonne. Puisqu’internet a rendu plus évident l’écoute de musique dans le monde entier, je sais que certains des meilleurs sons viennent de France.

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