A qui pwofite le vent des Antilles ?

Le 16 juin 2010

A la Guadeloupe, l'éolien apparait comme LA solution à la dépendance énergétique. Pourtant, après 15 ans d'exploitation et 200 éoliennes installées, les résultats ne sont pas à la hauteur des espoirs investis.

Comme l’explique le site Guadeloupe Informations :

Le handicap de la Guadeloupe est de dépendre de l’extérieur pour l’approvisionnement en énergie (la SARA, Société anonyme de raffinerie des Antilles, importe 700 000 tonnes de pétrole par an, dont 1/3 destiné à l’électricité) ; c’est ce handicap qui, justement l’a poussée à chercher d’autre sources d’approvisionnement et de devenir ainsi un exemple pour toute la région caraïbe. En 2006, 25% de l’énergie seront produits à partir d’énergies renouvelables.

Un argument qui devrait séduire les iliens et le syndicat UGTG (Union générale des travailleurs gaudeloupéens). Mais les syndicalistes ne sont pas totalement convaincus, et pour cause. Les premières éoliennes ont été installées en 1992. A l’époque c’était de petits mats (60 à 80 mètres) et des machines bruyantes comme plus personne n’en supporterait en métropole. Une fois de plus les Doms ont servi de cobayes. Depuis deux bonnes centaines de moulins à vent ont poussé sur les rivages de la Guadeloupe et de ses îlets satellites. Les abords d’un des sites les plus  touristiques, à la pointe Nord-Ouest de l’île en sont constellés. Et les protestations des riverains, gênés par les nuisances sonores et visuelles, n’y ont rien changé.

Les autorités locales et EDF Services Archipel Guadeloupe évoquent une « politique volontariste de maîtrise de l’énergie, un accroissement du pouvoir d’achat du citoyen par une diminution de sa facture énergétique, un accroissement de la compétitivité des entreprises, une réduction de la pollution, et une contribution à l’indépendance énergétique de la Guadeloupe et donc à une économie de devises ». Le blabla commercial habituel.

Les chiffres communiqués par The Wind Power sont pourtant moins glorieux : Au total 204 éoliennes (26,5 MW) dont 62 à Petit Canal (sur les quelques dizaines de kilomètres carrés d’un des fiefs indépendantistes), 40 à la Désirade et presque autant à Marie-Galante (deux paradis touristiques rattachés à la Guadeloupe), 200 emplois seulement créés en 15 ans, et des retombées minimes pour les collectivités locales qui vont très prochainement être dépouillées des recettes de la taxe professionnelle. « Attention à la folie des grandeurs », écrivait Cap 21 Antilles en 2009. Avec une puissance annuelle de 30 GWh produite par l’archipel guadeloupéen, on ne couvre que la consommation de 10 000 ménages. Il en faudrait 50 fois plus pour alimenter toute la population !

Guadeloupe: En attendant les éoliennes... CC Polar lights

Cette indépendance énergétique embryonnaire obtenue par l’exploitation d’un bien commun, le vent, ne rapporte finalement qu’aux opérateurs, essentiellement français, protectionisme oblige, qui colonisent ce bien. Certes, en cas de crise économique ou politique aigue, les guadeloupéens bénéfiecieront d’une certaine autonomie énergétique. A condition toutefois d’avoir un peu de pétrole pour parer à la maintenance, et de pouvoir gérer le réseau de distribution d’EDF/RTE) selon leurs besoins.

Cette hypothèse vaut-elle les nuisances subies ? Pas sur. En quinze ans d’exploitation (durée de vie moyenne d’une éolienne) ces parcs envahissants ont généré moultes déchets. Et comme les opérateurs n’avaient pas, jusqu’à la loi Grenelle II qui vient d’être votée,  à charge la gestion et le financement de leur démantèlement, ce sont maintenant de petites sociétés (comme Aerowatt et Vergnet constructeur français) et leurs sous-traitants, qui vont faire leur beurre sur l’évacuation des déchets. Au final c’est encore et toujours la pwofitation !

Photo: Un parc sur les îles de l’Asenscion, dans l’Atlantique Sud. CC Lance Cheung.

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