Musique et jeux video : la musique 8bits

Le 1 septembre 2010

Fini les tables de mixages hors de prix, c'est l'heure des Game Boy, Atari et ordinateur Commodore 64. La musique 8bits redonne une seconde jeunesse aux mélodies électroniques qui ont bercées notre enfance.

Après l’évolution de la musique au sein des jeux videos, et l’essor des jeux vidéos musicaux, Benjamin Hours, journaliste chez AlloMusic, nous parle aujourd’hui de la musique 8bits, genre musical à part entière.

L’industrie des jeux vidéo connaît un essor certain depuis quarante ans, le nombre de joueurs augmentant sans cesse. Dans les années 1980-1990, une large majorité de ceux-ci sont de jeunes adolescents qui connaissent leurs premiers émois vidéoludiques devant Super Mario Bros et Tetris. Il était donc normal que cette génération de gamers soit marquée au fer rouge par les sonorités introduites par Koji Kondo et consorts.

Il en résulte la création d’un nouveau courant musical, rattaché à l’électro. Multiforme, ce courant connaît plusieurs dénominations, gages de variations infimes que même les puristes peuvent confondre (il s’agit souvent de l’utilisation de systèmes différents, comme si on différenciait Les Paul Rock et Stratocaster Rock) ; que l’on parle de chiptune, 8-bit music, gamewave, micromusic, ou Game Boy music, le principe est le même : des musiciens ont choisi de composer à partir de consoles de jeu.

On est bien là dans le cas de musiciens, jouant en concert et diffusant leur musique, et non de compositeurs spécialisés dans les jeux vidéo. Difficile de savoir exactement quand est née la mouvance (probablement au début des années 90 dans une chambre d’étudiant), mais force est de constater que ce courant prend de l’ampleur depuis dix ans, touchant même le mainstream.

Comme chacune des facettes du milieu underground, la 8-bit a ses héros. Qu’ils soient Américains, Allemands, Français ou Suédois, pure souche ou plutôt tournés vers la bitpop (c’est-à-dire utilisant aussi des instruments plus classiques), ces amoureux de sons vieillots et bruts font plus de concerts qu’on ne pourraient le croire, devant un public important.

La branche ChipTune

Du côté des “pure souche”, qui restent sur une approche exclusivement chiptune de leurs compositions, on compte par exemple les New-Yorkais de Nullsleep, dans une veine plutôt sombre de la musique estampillée Nintendo (les deux acolytes ne composent que sur des consoles du “big N”).

Il faut aussi compter avec le Suédois SoulEye, qui a notamment sorti l’album “PPPPPP”, utilisé comme bande son du très bon jeu VVVVVV.

Sans oublier trash80 (US) . On reste toujours dans des sonorités relativement mélancoliques, avec toutefois des touches plus techno, dédiées à faire sauter le public en fosse.

Et parce qu’il faut bien remplir le quota français (mais avec un bon), ne passons pas à côté de Sidabitball, alias Pierre Bocquet, qui s’est fait une spécialité de la Game Boy.

De la musique 8bits plus accessible

Certains sont moins puristes et ne se privent pas pour rajouter guitares, basses et voix sur une instrumentation 8-bit, ce qui rend les compositions potentiellement plus accessibles. C’est notamment le cas d’Anamanaguchi, combo venant tout droit de New York.

Les membres du duo allemand Pornophonique n’hésitent pas à mêler chiptune et guitare sèche, ni à verser dans la pop ou le hard-rock. Leur album “8-bit Lagerfeuer” avait fait l’objet d’une critique fin 2009 sur allomusic, l’occasion d’en apprendre plus sur un groupe vraiment atypique !

Au-delà de ces artistes (plutôt loin du grand public il faut l’avouer), la musique 8-bit a su se frayer un chemin dans le Top 50. Le cas le plus connu est celui des Crystal Castles. Le groupe canadien a d’ailleurs été à Rock en Seine cette année, pour clôre le festival sur la scène de l’Industrie.

Encore plus fort, le monde du R’n'B a aussi eu droit à ses extraits de micromusic. C’est par exemple le cas sur Ayo Technology de 50 Cent, ou sur Do It de Nelly Furtado.

Genre à part entière, le chiptune s’invite donc aussi dans les autres courants musicaux : utilisé par petites touches, il donne un léger côté électro et rétro souvent apprécié.

Car, si la majeure partie des compositions 8-bit sont assez mélancoliques, ce n’est pas un hasard : la plupart des musiciens chiptune expliquent leur engouement pour les harmonies tirées des générateurs de sons des consoles par la nostalgie. Celle de leur enfance/adolescence, lorsqu’ils passaient des heures à s’échiner devant un Sonic trop rapide, ou un Contra (plus connu dans nos contrées sous le nom de Probotector) trop dur à finir. Beaucoup refusent d’ailleurs de passer à des consoles plus récentes : Sidabitball ne veut pas entendre parler de la DS par exemple, et préfère rester sur sa bonne vieille Game Boy première du nom.

___

Cet article a été publié initialement sur AlloMusic

Photos CC Flickr : the t?tt??ed tent?cle, Franckie

Laisser un commentaire

Derniers articles publiés